The Boy par Laura Emilie

>> Attention spoilers

"The Boy" est un film d'épouvante réalisé par William Brent Bell ("Devil inside") que tout le monde s'acharne à comparer avec "Annabelle", alors qu'ils n'ont pour seul point commun le fait de mettre en scène une poupée et ça a déjà été fait un grand nombre de fois ! Je déteste les comparaisons à vrai dire, car déjà d'une personne à l'autre la peur ou l'horreur ressentie ne sera pas la même. Personnellement dans "Annabelle" il y a juste une ou deux scènes qui m'ont fait flipper et ce n'était même pas des scènes avec la poupée en question, bref...

"The Boy" nous raconte donc l'histoire de Greta (Lauren "Maggie Greene Rhee" Cohan) qui part jouer les nounous dans un manoir anglais, mais une fois sur place on lui apprend qu'elle ne va pas garder un petit garçon lambda, mais une poupée de porcelaine... Glauque. À ce moment-là, je pense surtout à la détresse de ces parents qui ont perdu leur fils et qui "jouent" à le garder en vie à travers une poupée... Ils lui expliquent qu'elle doit se comporter avec lui comme avec un garçon normal : elle doit le réveiller et l'habiller le matin, le faire manger, lui faire la lecture, lui laisser écouter de la musique, ... Et comme ils ont l'air de bien payer, elle accepte le contrat et de s'occuper du petit Brahms pendant qu'ils partent quelques temps en vacances. Mais forcément rien ne va se passer comme prévu, Greta refuse de perdre son temps avec Brahms, le délaisse mais elle ne tarde pas à se rendre compte qu'il se passe des choses étranges dans ce manoir : ses affaires disparaissent, ses cheveux sont coupés par mèche, elle entend des bruits étranges dans la maison. Alors possession démoniaque ? Apparition fantomatique ? Est-ce que la poupée est bel et bien vivante ou est-ce le fruit de l'imagination de Greta, femme battue qui a fui son conjoint et se cache au fin fond de l'Angleterre ?

C'est là que j'ai trouvé le film intelligent car on se rend rapidement compte que les évènements vraiment paranormaux, que l'on voit d'ailleurs dans la bande-annonce, se passent en rêve. C'est Greta qui imagine clairement des choses, elle sent que quelque chose se passe mal et elle exprime ses angoisses à travers ses cauchemars. Et c'est intéressant, car personnellement je me suis dit que c'était peut-être elle qui imaginait tout ça, elle a un passé douloureux et on peut facilement imaginer qu'elle est un brin parano et qu'elle focalise ses angoisses sur cette poupée. Mais quand la poupée change de place toute seule ? Et quand en plus Greta a comme témoin Malcolm, le livreur-dragueur-sympa-mais-relou, on comprend qu'il se passe vraiment quelque chose. Et quand enfin on a la révélation du mystère, je dois avouer que j'ai vraiment été surprise car le film prend une toute autre direction. J'ai lu ici et là que les spectateurs avaient été déçus de ce changement de ton et moi bien au contraire j'ai trouvé ça bien mené. Car les histoires de poupée possédée ou hantée on en connait des tas, à commencer par le terrible Chucky dans "Jeu d'enfant" (1988) et là où "The Boy" se démarque complétement c'est qu'on est très loin d'une histoire de fantôme ou de possession. Et franchement pour moi c'était inattendu et bien trouvé donc rien que pour ça je dois admettre que le film est une réussite. C'est aussi ce qu'on doit attendre d'un film non ? De nous surprendre et pas uniquement nous laisser dans notre zone de confort en étant fidèle à nos attentes (enfin quand la surprise est une bonne surprise hein).

Côté technique, j'ai bien aimé les prestations des différents acteurs, je crois que je n'avais jamais vu Lauren Cohan ailleurs que dans "The Walking dead" et elle s'en sort très bien, elle reste loin des clichés féminins habituels des films d'horreur. Son "sidekick" amoureux, Rupert Evans, inconnu au bataillon en ce qui me concerne remplit bien le contrat, il est sympathique, un peu maladroit et surtout il ne joue pas le rôle du gars qui ne croit absolument pas ce que le personnage féminin lui raconte ; parce que s'il y a bien un cliché qui m'agace au plus haut point c'est quand dans un film d'horreur la nana dit à son compagnon / conjoint / mari (rayez la mention inutile) qu'il se passe quelque chose de bizarre et que le gars le pense tarée, ne la croit pas et finit par se faire trucider en se disant qu'il aurait mieux fait d'y croire. Et en ce qui concerne les décors, je suis assez sensible à ce genre de manoir isolé à la campagne, lieu où le personnage va forcément se sentir en danger, même quand il a l'air de faire beau à l'extérieur le manoir reste sombre, avec toutes ses boiseries et ses tableaux. L'ambiance est vraiment très belle et ajoute un cachet intéressant à l'histoire. Côté musique c'est Bear McCreary qui est aux commandes, l'homme a qui l'on doit les musiques de... "The Walking dead" (à croire que l'équipe se balade de plateaux en plateaux en horde). L'ambiance sonore est intéressante et bien fichue, les effets de peur ne sont pas forcément appuyés par des sonorités stridentes comme on le fait toujours dans les films d'horreur modernes.

Dans l'ensemble, j'ai beaucoup aimé ce film et je suis même impatiente de le revoir en connaissant la fin, je suis sûre et certaine qu'il y a plein de petits indices qui mènent à cette conclusion, j'en ai déjà trouvé quelques uns.