En regardant l'apathique et errant The Canyons, on ne peut s'empêcher de penser au Road To Nowhere de Monte Hellman il y a trois ans : même tentative de renaissance d'une vieille gloire du cinéma indé des années 70 en prophète de la désolation au pays morne et désincarné de l'industrie du cinéma, et mêmes rêves de mise en abyme capiteuse post-Mulholland Drive et de métaphore vertigineuse et poussive de l'acteur en voyeur. Mais même résultat pontifiant et terriblement anachronique : sorte d'épisode de Melrose Place de presque deux heures, le film de Schrader déploie une mécanique déjà bien laborieuse (Bret Easton Ellis n'est pas non plus ici à son meilleur...) de thriller amoureux au pays du Botox, mais auquel le regard désabusé de Schrader en surplomb enlève en plus toute sensualité et toute tension (la coke qui selon la rumeur circulait à foison sur le plateau n'a visiblement pas eu l'effet escompté). Ne reste plus alors qu'à contempler un has-been déverser sans finesse (mon Dieu les plans répétés sur les cinémas abandonnés...) ni urgence sa haine dégoûtée du métier et son cynisme de revenu de tout : c'était bien la peine d'aller quémander pour faire le buzz l'argent de la production aux internautes nostalgiques de ses jours de santé. Mais de toute façon, de ses investisseurs anonymes à ses personnages momifiés (Lohan en princesse du silicone est d'ailleurs le seul attrait du film, pas mauvaise) qui traversent en habit de grands couturiers avec un air fatigué leurs villas luxueuses, jusqu'à ses spectateurs, The Canyons est avant tout la true story de gens qui n'en auront pas pour leur argent.