The boring dead
Après les vampires, les morts-vivants donc. Jim Jarmusch continue à revisiter genres et mythes populaires avec sa nonchalance habituelle, mais la magie ne prend plus, soudain elle manque, soudain il...
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le 15 mai 2019
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Il est clair - bien que tout s'assombrisse - que nous sommes en présence d'un remake de la " Nuit des morts vivants " tourné avec la nonchalance sardonique d'un Hitchcock. Et ce n'est pas raté, loin s'en faut! La première partie, dans laquelle est brossée l'ambiance d'une transformation aussi soudaine que catastrophique du globe terrestre, est impressionnante de maîtrise: on retrouve la quintessence de la SF des années 50 (avec une possible extension dans le temps jusqu'aux premières pages de " l' Etoile mystérieuse " de Hergé). Les allusions contemporaines au climato-scepticisme ne manquent pas de pertinence non plus. Les policiers locaux sont stoïques (normal, ils ont déjà lu le scénario...) et arborent un flegme digne de Tonton Alfred; ils ancrent l'histoire dans l'univers du probable alors que tout est ici loufoque. Bill Murray en shérif débonnaire et Adam Driver en beau gosse balaise au menton fuyant incarnent à merveille des personnages auxquels tout un chacun peut facilement s'identifier. Le rôle de Chloé Sévigny, complétant l'équipe du Police Department de Centerville, est plus complexe car il ne colle pas avec les clichés à la mode : c'est une faible femme. Ce qui la rend très intéressante avec son col de chemise d'uniforme boutonné en permanence jusqu'en haut : seule une extraterrestre thanatopractrice (Tilda Swinton) peut déceler le sex-appeal de cette personne (" auriez-vous des relations avec l'agent Peterson ? "). Avec l'entrée en action des morts vivants, on tape dans le dur et le suspense se relâche un peu au profit de scènes de castagne qui seraient vulgaires si nos policiers n'étaient pas aussi philosophes. Bien que ces derniers aient compris qu'il fallait viser la tête, ce sont quand même les gilets jaunes - euh, pardon ! - les morts vivants qui risquent de gagner, mais n’anticipons pas... grâce au surnombre. Des surprises bienvenues comme cette scène d'assomption inspirée du classique " The Day the Earth Stood Still " de Robert Wise permettent d'atterrir jusqu'à la fin du film sans s'ennuyer une seule nano-seconde bien que l'on sache depuis le début que tout va mal se terminer. Mais on s'en moque car on a trouvé un film qui aide à digérer la collapsologie.
Créée
le 8 juin 2019
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