J'ai beaucoup hésité sur quelle note mettre à ce film. J'ai d'abord pensé à 5, puis 6, puis finalement 3, puis finalement je suis revenue à 5.


Voici ce ce qu'on comprend de l'affiche et d'une très brève description publicitaire de ce film : un vieux monsieur atteint d'alzheimer est confus et rend la vie compliquée pour sa fille, car il se souvient de tout dans le désordre. Ceci n'est pas un spoiler, ne l'a jamais été, et n'avait pas vocation à l'être.


Après visionnage de ce film, voici donc ce qu'il en ressort : un vieux monsieur atteint d'alzheimer est confus et rend la vie compliquée pour sa fille, car il se souvient de tout dans le désordre. Vous avez bien lu, il ne se passe rien d'autre, le film est effectivement un trailer plus long de son propre trailer, et tous les éléments concordent pour n'être qu'une illustration larmoyante de cette seule phrase. Grâce à cette phrase, si vous avez déjà entendu parler de l'alzheimers ne serait-ce qu'une fois, vous n'avez pas besoin de voir ce film. Je dirais même, même si vous n'avez jamais entendu parler de l'alzheimers, il vous suffira de lire 2 phrases sur Wikipédia pour comprendre les tréfonds de l'horreur que représente cette maladie, toujours sans avoir besoin de passer par ce film.


Il n'est pas intéressant de recoller les morceaux de la vie d'Anthony Hopkins car malheureusement les événements sont entièrement futiles. Est-ce qu'il est l'heure de manger du poulet ou l'heure du petit déjeuner ? Qu'est-ce qu'on s'en tape. Où est sa deuxième fille ? Elle est sûrement morte, maladie, accident, elle ne vient plus le voir parce qu'ils sont fâchés pour toujours, elle ne veut pas s'en occuper et laisse le sale travail à sa soeur ? N'importe quel motif aurait fait l'affaire, et finalement, aucun intérêt de le découvrir.


Le film frôle le torture porn quand le mari méchant d'Olivia Colman met des petites claques à Anthony Hopkins jusqu'à ce qu'il pleure, dans le dos de sa femme. J'ai espéré un instant que le film allait changer de voie et devenir un thriller qui révélait que le mari torturait secrètement le vieux monsieur depuis des années et qu'Olivia Colman allait le prendre la main dans le sac et le castrer avec une clef à molette, mais non. C'était des petites claques gratuites pour nous faire enrager et montrer que le tableau n'est ni noir ni blanc, mais gris ! Waaaaw.


Je suis dure avec ce film car il est foncièrement chiant et n'apporte rien à part nous rappeler que la mort est imminente et que si on a pas de chance on mourra dans des circonstances particulièrement affreuses en brisant le coeur de tous ses proches. Je regarde des films pour oublier spécifiquement cette idée, cette chose, ce concept, donc vraiment merci pour rien. Qui sont ces gens qui ont besoin qu'on leur rappelle cette réalité, nom de Dieu ? Des gens qui sont trop heureux dans leur vie alors ils ont besoin de chialer un bon coup pour rien ? Des gens de droite qui veulent baisser les côtisations sociales et n'ont pas compris à quoi ça servait ? Des gens jeunes qui n'imaginent pas que leurs parents meurent un jour ? Est-ce tout simplement un film de mise en garde, fait pour infliger le douleur et juste la douleur, pour terrifier, inspirer la pitié, et faire du lobbying pour monter les salaires des auxiliaires de vie (ils le méritent hein, je dis pas le contraire) ?


Il y a une chose que le film soulève et qui est intéressante, et c'est le problème que rencontre Olivia Colman quand elle se demande si elle doit mettre son père dans un hospice ou le garder avec elle. Malheureusement, cette question n'est explorée que de façon très superficielle puisqu'elle hésite un peu et puis se fait convaincre par son mari pourri. Oui oui, le film montre bien que c'est compliqué vu que son père est extra chiant, mais là où il enfonce le clou c'est quand Colman le laisse dans un hospice et puis déménage dans un autre pays, avec l'idée que "tout le monde a le droit d'être heureux", ou explique à l'auxiliaire de vie qu'elle ne peut pas s'occuper de son père "car elle, elle doit travailler".


Je regrette que le film aie été si noir et blanc, et je trouve que c'est une conception bien occidentale de foutre ses parents dans un hospice et de se casser dans un autre pays en disant "j'ai fait tout ce que j'ai pu, je reviendrai de temps en temps, j'ai mal au coeur mais la vie est insupportable ici". Vous savez ce qui est vraiment insupportable ? Etre prisonnier de sa propre tête et puis penser que toute sa famille vous a abandonné. Cette conclusion du "tout ou rien", "il habite chez moi ou bien je me casse de l'autre côté de la manche parce que de toute façon il me reconnaît même pas", quel choix simpliste de la part des scénaristes. Pourquoi ne pas présenter de la demie-mesure, un idéal de compromis ? Trop complexe, pas assez larmoyant ?


Je vous soumets cette idée : quand on a quelqu'un dans cette situation, en réalité on n'est heureux nulle part et jamais. Un jour ils meurent, et puis on traîne le souvenir de leurs jours de souffrance derrière soi comme un boulet jusqu'à la fin de ses jours, en se demandant si on a fait tout ce qu'on pouvait faire. Rien n'a de goût quand on a ce genre de problème sur les bras, alors quitte à être malheureux autant continuer à essayer jusqu'à leur dernier souffle, car alors au moins on pourra se regarder dans la glace en se disant qu'on a fait son maximum. Je ne dis pas que c'est la seule conclusion qu'on puisse tirer de ce problème, mais ça aurait été hautement plus intéressant d'explorer ce genre d'avis plutôt que l'éternel "il faut bien vivre ! je vais siroter un verre en terrasse à 400km pendant que mon père est en PLS car de toute façon je ne peux rien faire."


J'ai voulu mettre 3 un instant car ce film m'a fait mal gratuitement, et mon temps est précieux. Je me sens après visionnage un peu comme Anthony Hopkins à qui ont a mis des petites claques alors que je voulais juste exister. Puis je me suis rappelée qu'il fallait de tout pour faire un monde, et qu'il y a sûrement des innocents illettrés qui confrontés à la description terrfiiante et déchirante de la maladie d'alzheimers ne l'imagineront pas, et auront besoin qu'on leur montre avec des images qui bougent pendant 1h30 pour comprendre à quel point c'est monstrueux. Aussi, le titre est spécialement nul, à tel point qu'après avoir vu le film je ne n'étais pas capable de dire ce que je venais de voir.


J'ai voulu mettre 6 car la performance des acteurs était terrible, particulièrement d'Anthony Hopkins qui était spécialement apitoyant et dont la fin misérable me hantera jusqu'à la fin de mes jours.


Finalement je mets 5, vu que j'ai passé vraiment un horrible moment, mais avoir une émotion quelle qu'elle soit est peut-être la preuve qu'on est toujours vivant, et de temps en temps c'est peut-être bien qu'on nous le rappelle.

Diaboloque
5
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le 9 déc. 2021

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Diaboloque

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