Un film aux allures 30's, mais avec toute l'extravagance et la couleur qu'on pourrait attendre d'un film de Wes Anderson.
Le scénario situe l'action en Europe centrale aux environs des années 30, une époque à laquelle le fascisme ambiant monte doucement, et la haute bourgeoisie, autrefois bonne cliente des palaces, se fait plus rare. On y retrouve tous les éléments graphiques de l'époque, qu'il s'agisse de l'architecture ou des costumes, dans une attention au détail parfaite.
Mais on retrouve également avec plaisir la symétrie de l'image si chère à Wes Anderson : les couloirs, les fenêtres, le placement des personnages, Anderson ne semble rien laisser au hasard dans une mise en scène parfaitement maîtrisée, ce qui donne à l'image une sensation "étrangement satisfaisante".
Personnages hauts en couleur (Ralph Fiennes porte le film à lui seul en incroyable Monsieur Gustave), une brochette invraisembable de stars jouant des rôles tous plus farfelus les uns que les autres vient peupler ce cadre qui serait autrement un peu austère.
Le film subit cependant une sorte de 'ventre mou' vers les deux tiers (la partie loin de l'hôtel, au final), duquel il peine à s'extirper dans un final digne d'un Scarface version marshmallow. L'exécution excentrique du long-métrage ne parvient pas tout à fait à masquer une construction autrement très "classique", en vérité.
Je dois reconnaître que les personnages de Wes Anderson, souvent caricaturaux et exagérés, ne m'émeuvent pas. Mais c'est pas grave : la maîtrise technique de chaque plan, la formidable direction d'acteur et le travail acharné ajoutant à la cohérence de son univers nous font rentrer dans ce monde loufoque et coloré, qui ne laisse jamais indifférent.