Gigolo parfumé et vieilles peaux richissimes...

L'affiche de cette oeuvre donnait le ton. Ce film posséderait un charme suranné dans des tons acidulés.


Je n'ai pas été déçu du voyage dans cet hôtel singulier. En tout premier lieu, la brochette d'acteurs compose un ensemble hétéroclite de personnel d'hôtel jubilatoire, de riches héritiers avaricieux, d'hommes de main zélés et de soldats désuets. Le tout est un festival d’interactions drôles ou plus sensibles, selon les cas.
L'ambiance dégagée par le film évoque par certains aspects de vieux films ; il y a quelque chose des muets en noir et blanc. D'ailleurs, à la vision de ces uniformes et surtout de ce symbole martial (qui évoque irrésistible les sigles des SS nazis), on songe immédiatement au dictateur de Chaplin. Certaines scènes montrant la bêtise crasse de ces militaires brutaux (je pense à celle où ils se tirent dessus entre eux juste par ce que ceux d'en face font de même ou bien celle, surréaliste, dans le train) appellent des sourires jubilatoires chez le spectateur.
En outre, l'humour "so british" qui transparaît quasiment dans chaque scène ravira les amateurs du genre. Tout se passe dans les regards complices, menaçants ou affolés, les mimiques d'une subtilité plaisante. Même les scènes d'actions transpirent de ce burlesque mâtiné de "Monthy Python" : la prison, les courses poursuite en montagne, les chassés croisés dans l'hôtel.
La musique apporte son supplément d'âme à ce film décidément bien agréable dont le burlesque ne sombre jamais dans le mauvais goût.


La narration, dans sa façon de présenter les souvenirs d'un vieil homme, me fait immanquablement penser "aux Aventures du Baron de Münchausen" d'autant que le type d'humour y est sensiblement le même. Ici, on trouvera un film ouvert sur la diversité des gens, sans jugement, mis à part la condamnation de la brutalité de la soldatesque, quoique nuancée chez les officiers qui ont eu le bon goût de recevoir une éducation soignée par rapport à leurs hommes plus frustres.
Le bon goût (anglais du moins), voici ce qui caractérise ce film parfumé à l'air de panache et d'un soupçon, voire davantage, de poésie. Tout un programme qui m'a conquis.


Et puis, j'adore le violet.

Apostille
8
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le 9 mars 2014

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