Pour la vérité on repassera, mais pour le show on en redemande!

Prenez le kitsch et l'ambiance de Moulin-Rouge, ajoutez le romantisme musical de La La Land, et vous obtiendrez une fucking feel-good comédie musicale !


Alors oui, avant toute chose il ne faut pas oublier de préciser que ce biopic musical et mélodramatique est un tissu de mensonges, qui présente Barnum comme un grand homme, philanthrope et promoteur de la différence. Que nenni. Ça fait mal mais c'est ainsi: Barnum était un enfoiré de première: il a dirigé des zoos humains, utilisé des "curiosités humaines", des noirs, des arabes, des asiatiques ou tout un tas de populations méconnues car exotiques, pour faire vendre, alimentant un racisme terrible.


En faisant mes recherches pour écrire cette chronique, j'ai tout de même appris que Barnum a commencé sa carrière en faisant croire à ses spectateurs qu'il avait retrouvé la nounou de G. Washington, une esclave rachetée à son propriétaire, qu'elle avait 160 ans (eh oui, vive la crédulité des gens à l'époque...). Et il l'a disséquée en public en faisant payer ce spectacle morbide aux spectateurs. Entre autres horreurs, of course. Barnum, c'était pas la "famille" comme nous le dépeint si naïvement le film, mais bien l'esclavagisme au sens propre.
Certes, grand showman, inventeur de la publicité telle qu'on la connait, créateur de spectacles fabuleux... mais la face cachée immergée de l'iceberg était bien dégueulasse.


Le fond, donc, est clairement à chier.
Car outre tout ce que je viens de raconter, il y a aussi le scénario un peu léger, très superficiel, même si c'est mignon/chouki tout plein. J'aspirai à plus de "biopic" que de "show". Encore une fois, il faut que j'arrête d'attendre. (mais ça passe quand même hein, je suis une fleur très bleue)


Mais bon. Après toutes ces vérités dissimulées, ces fake news, que fait-on de la forme? De la réalisation ? Des chorés de folie? Des chansons entraînantes ou émouvantes au possible (Never enough... pouah!!)? Des prestations de malade de Efron ou de Jackman? Des décors et costumes du feu de Dieu?
Oubliant que ce que je voyais était d'une guimauve trop assumée, j'ai juste pris un pied incroyable devant ce film. Les comédies musicales peuvent être d'un ennui terrifiant (Les Misérables, avec Jackman également, était à mon goût une aberration cinématographique); ça passe à fond ou ça casse absolument. Et là, j'ai juste eu mal aux zygomatiques à force de sourire béatement tout le long du film ! Je suis sortie de la salle en chantonnant, en rêvassant, des images et mélodies plein la tête... bref, le film remplit le contrat haut la main pour ce qui est de l'aspect comédie musicale, en dépit de son scénario plus que critiquable à bien des égards. Difficile de trancher donc!


Je terminerai donc en mettant la note uniquement à la bande-originale, aux chorégraphies et aux prestations des acteurs, Jackman en tête, en tentant d'oublier que le scénario est une gigantesque mascarade, un grand foutage de gueule.
Voyez ce film en urgence si vous êtes amateur de grandes comédies musicales, mais faites votre B.A en allant vous renseigner après sur qui était vraiment l'odieux personnage de Phinas Bartum. Car ce film n'est clairement pas un "vrai" biopic. Il ne serait agi que de fiction, il aurait unanimement encensé par la critique, j'en suis convaincue. Mais on fait pas un biopic aussi plein de bons sentiments pour dépeindre une ordure.


https://humblement-votre.blogspot.fr

LaurianeProvost
8
Écrit par

Créée

le 25 févr. 2018

Critique lue 249 fois

Eli Bennet

Écrit par

Critique lue 249 fois

D'autres avis sur The Greatest Showman

The Greatest Showman
Behind_the_Mask
8

Nom d'un p'tit Barnum !

Chers éclaireurs, Je vous aime bien, pas de doute là-dessus. Vos goûts proches des miens m'ont poussés à vous suivre, vos proses enflammées, vos mots, ceux qui traduisent votre passion semblable à la...

le 27 janv. 2018

74 j'aime

9

The Greatest Showman
Aurya
2

Et la supercherie continue

Et la plus aberrante supercherie voit son blason se redorer, lorsqu’en 2018 elle ne perd pas une ride et perdure en efficacité… The Greatest Showman n’est pas seulement un long métrage tape à l’œil...

le 11 févr. 2018

39 j'aime

11

The Greatest Showman
Tonto
6

Chaud business

Phineas T. Barnum (Hugh Jackman) est un grand rêveur. Provenant de nulle part, il n’a qu’une ambition dans la vie : faire rêver les autres. C’est ainsi qu’il décide d’ouvrir un musée de cire, secondé...

le 24 janv. 2018

36 j'aime

13

Du même critique

La Forme de l'eau
LaurianeProvost
3

La grande imposture là où on guettait la féérie

Comment écrire ma déception sans dézinguer ce film, qui possède malgré tout quelques jolies qualités...? Pour une fois, ce n'est pas de ma faute. Soyons honnêtes: l'affiche (sublime), le titre...

le 27 févr. 2018

8 j'aime

2

Aquarium
LaurianeProvost
7

L'histoire oppressante d'une famille au passif pas très net

David Vann a écrit un des livres qui m'a le plus marquée en 25 ans de lecture: Sukkwand Island. Je n'ai jamais rien lu d'autre de cet auteur, mais quand j'ai lu le pitch de Aquarium, j'ai tout de...

le 23 avr. 2018

1 j'aime

1

La Casa de Papel
LaurianeProvost
6

Le subtil mélange (irréaliste) entre 24h chrono et Ocean's Eleven

Les braquages, surtout lorsqu'ils sont organisés en équipe en amont, j'adore. Ocean's eleven a été un vrai coup de cœur à l'époque (et pas parce qu'il y avait Pitt/Clooney/Damon au casting hein)...

le 27 mars 2018