« The Greatest Showman » et son histoire façon comédie musicale ? Pourquoi pas ? Sous la forme de chorégraphies actuelles mais anachroniques ? Pourquoi pas ? Rien ne fait peur en effet à Michael Gracey qui nous en met plein la vue avec le concours de Hugh Jackman et de Zac Efron. Et apparemment le public semble bien apprécier sans sourciller le bon gâteau à paillettes qui nous est servi... C’est certes un divertissement endiablé, voire déchaîné, soit mélo ou romantique selon le moment, mais aussi plus que romancé et déformé sans doute, puisque le cinéaste fait l’impasse sur la vraie personnalité de Phineas Taylor Barnum, c’est à dire un être opportuniste et exécrable, repérant le bon filon, juste pour l’exploiter et le tordre à son profit, en utilisant des êtres différents pour les exhiber sans état d’âme et sans une once de moralité, comme lors de ces «Freak Show» qu’il organisait... Ici, ce qui devient choquant et dérangeant, c’est que son portrait est tout le contraire de ce qu’il était et de ce qui s’est réellement passé ! On nous le montre sous un jour beaucoup plus flatteur, tel un humaniste juste un peu trop aveuglé par la réussite comme un égarement passager, pour demeurer un homme philanthropique et généreux, dévoué à tous ceux qu’il a «recrutés», au point de les considérer comme sa vraie famille ! Le cinéma a pourtant un devoir de vérité et de mémoire qui semble envolé ou oublié ici, comme s’il on faisait fi de tout ce qui pouvait gêner ! Il aurait été justement intéressant de connaître la vraie destinée, les vraies conditions de vie de ces personnages montrés du doigt et moquées par un public cruel sans discernement en étant utilisés par un homme prêt à tout pour s’enrichir et surnommé a juste titre « Prince des Charlatans »... Il est certain qu’en dévoilant les véritables motivations et la façon d’arriver à ses fins de ce personnage peu sympathique, il aurait été difficile d’arriver à ce résultat flamboyant comme l’est cette comédie musicale, légère et innocente ! Tout le contraire en fait de cette personnalité... À ce titre le film « Chocolat » était justement bien plus respectueux de la vérité en étant une très bonne peinture de ce clown, plus reconnu par sa couleur de peau que pour son talent ! Dommage et embêtant, de n’avoir su montrer que les paillettes et l’auréole d’un homme pourtant bien loin du compte, et d’avoir résumé son histoire à un grand spectacle bienveillant et à sensation ! C’est une véritable usurpation, un arrangement douteux avec des faits historiques d’une tout autre tournure, quand on prend en considération la réalité de l’époque au XIX ème siècle... Bien que ce film soit divertissant et plaisant, et justement à cause de cela, il n’en reste pas moins qu’il devient franchement problématique à ce niveau !