Sous ce titre un peu provocateur se cache une réalité que ses propres films, voire productions action, occultent ; les prises de risques de Luc Besson. Il y avait 3 enterrements, le 1er film réalisé par Tommy Lee Jones, Dikkenek, Imposture ou Les yeux clairs ... et il y a désormais The homesman.
On sent que Tommy Lee Jones a énormément galéré à faire ce film, jusqu'à cachetonner chez Luc Besson (dans Malavita), et d'autres blockbusters depuis quelques années. Peut-être est-ce un renvoi d’ascenseur que Besson fait à son acteur en lui permettant de faire ce film dont le fait est qu'il rappelle beaucoup Convoi de femmes.
Ici, on est dans un Western du XIXe siècle où une femme accepte de convoyer trois femmes considérées comme folles d'un Etat à l'autre afin qu'elles soient hébergées chez un pasteur qui s'occupera d'elles. En chemin, elle rencontre un bandit et le sauve, en échange de ses services.
On est bien entendu dans les codes du genre, avec du duel au pistolet, des saloons, des cowboys, mais ce qui est intéressant ici, c'est la place accordée à la Femme en général, même sous les traits au fond masculins d'Hilary Swank, qui est par ailleurs excellente.
On comprend que sa décision de convoyer ces trois femmes n'est pas seulement de rendre service, mais aussi de rendre gloire à Dieu, car elle a en elle un fort désir de maternité qu'elle n'arrive pas à accéder. En faisant ainsi ce parcours, elle espère être entendue par les voies divines.
Quant à Tommy Lee Jones, qui a contre toute attente la part la plus légère de l'histoire, celui du rôle qu'il tient depuis des lustres, à savoir un homme bougon, maugréant sans arrêt, et qui se voit plus contraint qu'enchanté d'aider cette femme, au nom de sa libération.
Dans ce film qui rappelle beaucoup Convoi de femmes, le chef-d’œuvre de William Wellman, celui-ci a un atout de poids, qui est sa photographie, que je trouve magnifique. Dans des paysages filmés en 35 mm, ceux-ci donnent une impression tenace de désolation, à l'image du destin de ces trois femmes dans la diligence. Rodrigo Prieto assure la lumière, et il faut dire que cet aspect irréel de l'histoire donne énormément de charme au film.
Mais il a tout de même d'autres qualités, comme son scénario, qui vire presque à l'Americana dans sa scène finale, dont on pourrait y voir aussi une fin idéale pour quiconque, et l'interprétation générale, outre ceux cités plus haut, dont les trois actrices qui incarnent les folles avec sobriété, mais aussi de cette grande actrice américaine intervenant dans le dernier acte.
Tout cela, malgré un rythme un peu lent, fait que j'ai pris beaucoup de plaisir sur ce Western peu conventionnel, dont l’accueil commercial a été cataclysmique, mais il convient d'y jeter un oeil.