Après Memories of Murder, le réalisateur coréen Bong Joon-ho revient avec un nouveau film pour un nouveau genre. Exit le polar, place au drame fantastique où un père de famille modeste de Séoul va rechercher activement,avec l'aide de sa petite famille, sa fille enlevée par une créature étrange surgie brusquement des profondeurs de la rivière Han. Un changement de genre surprenant qui va définitivement prouver que le metteur en scène est sûrement l'un des meilleurs de sa génération. Car outre une histoire de monstre respectant sans sourciller les codes du genre, Joon-ho va par-dessus rajouter plusieurs couches afin de ne pas sombrer dans le classicisme le plus bateau.


C'est donc surtout dans sa manière de présenter son histoire que le réalisateur coréen va étonner : oubliés les innombrables scènes d'action sans âme, les facilités de scénario ou les clichés obligatoires. Bong Joon-ho va bouleverser tout ça en nous livrant l'anti-Godzilla. Le héros est un moins que rien irresponsable qui va se découvrir capable de tous les sacrifices pour retrouver l'être qu'il aime le plus au monde. Pourtant, il va aller jusqu'au bout pour retrouver la petite Hyun-seo pendant que les autorités placent une quarantaine incompréhensible et que les médias affolent la population. Autre point fort : le décor. Dans un réalisme saisissant, le metteur en scène expose un environnement sobre, palpable, où l'on peut facilement s'identifier tout en dressant un portrait acerbe de la société actuelle.


Pour le reste, Joon-ho alterne entre survival intense du côté de Hyun-seo dans les égouts face à la bête, drame social poignant avec Gang-du et les siens, thriller sous tension avec les autorités coréennes et film d'action à travers les nombreuses séquences à effets spéciaux (bluffants) intervenant de parts et d'autres dans le métrage, notamment dans un final à couper le souffle. On pourra en revanche regretter quelques inégalités de rythme et surtout des personnages parfois sous-exploités comme Nam-joo la sœur de Gang-du, ce charismatique clochard sans nom à l'importance finalement capitale ou encore la relation entre Hyun-seo et le jeune Se-joo dans les égouts. Bref, en dépit de légers défauts plus regrettables que détestables, The Host est une merveille du cinéma coréen qui prouve que Bong Joon-ho est un réalisateur à suivre de très près.

Créée

le 15 avr. 2019

Critique lue 162 fois

Critique lue 162 fois

D'autres avis sur The Host

The Host
Sergent_Pepper
7

Mutant de l’innocence.

Bong Joon-ho aura exploré tous les genres : après la comédie sociale et canine, après le polar sociétal, place au film fantastique. Dans cette hétérogénéité, l’idée reste la même : une exploration...

le 24 sept. 2016

101 j'aime

4

The Host
zombiraptor
8

La princesse et la grenouille

J'aimerais d'emblée mettre de côté toute décortication de sous-intrigue relationnelle, de complexité sociale ou autre discours politico-revendicateur élaboré qu'ont souvent besoin d'évoquer certains...

le 22 sept. 2014

78 j'aime

31

The Host
Before-Sunrise
9

Tuons la mère ! [attention spoiler alert]

Une famille de grands cinglés mène une vie un peu décousue sur les bords du fleuve Han à Séoul. Il y a le grand-père qui tente de faire tourner sa boutique, sorte de snack miteux où grillent des...

le 6 juil. 2011

62 j'aime

20

Du même critique

Wonder Woman 1984
MalevolentReviews
3

Tant qu'il y aura des hommes

Toujours perdu dans une tourmente de décisions visuelles et scénaristiques, de décalages et de tonalités adéquates, DC Comics se fourvoie une nouvelle fois dans un total manque de cohésion et par...

le 26 déc. 2020

67 j'aime

6

Dune
MalevolentReviews
5

L'Épice aux étoiles

Attendu comme le Messie, le Dune nouveau aura été languissant avec son public. Les détracteurs de Denis Villeneuve s'en donne à cœur joie pour défoncer le produit à la seule vue de sa bande-annonce,...

le 18 sept. 2021

43 j'aime

5

Kaamelott - Premier Volet
MalevolentReviews
5

Les prolongations

Il l'a dit, il l'a fait. Plus de dix ans d'absence, dix ans d'attente, dix ans de doute, une année de retard à cause de la pandémie. Kaamelott a marqué la télévision, de par son ampleur, son aura...

le 20 juil. 2021

39 j'aime

10