[ # 85 - Prison , diarrhée et cow - boy ]

ALERTE SPOILERS ET SECOND DEGRÉS

Après un premier opus d'un vide abyssal et qui est mystérieusement devenu culte dans le cercle fermé des torture porn et un deuxième opus qui laissait présager un chef d'oeuvre pour au final n'être qu'une perte de temps et rien d'autre , on pouvait résolument se demander pourquoi Tom Six reviendrait une troisième fois avec son concept. Plus habile pour trouver des concepts nanardesques que pour filmer , plus arrogant et égocentrique que concentré sur ce fabuleux concept nommé " scénario " , il nous revient cette fois - ci avec , pour la première fois , des choses à nous dire.

"Dans la prison qui affiche le taux de violence le plus élevé des Etats-Unis, le directeur prend une décision radicale : greffer tous les détenus les uns aux autres à la façon des films The Human Centipede 1 & 2, et ainsi rétablir l'ordre et la discipline".

J'ai aimé

• Dieter Laser dans le rôle de sa vie


• Les références méta et une auto - dérision bienvenue


• Certaines thématiques


• Des dialogues toujours plus irrévérencieux


• Un concept et une ambiance qui concordent enfin


• Un nouveau cadre plus qu'exploité

J'ai moins aimé

• Une réalisation toujours du niveau d'un téléfilm qui passe sur TF1 l'après - midi


• Tom Six joue comme une planche de bois moisie


• Un gore parfois inutile et qui dessert l'introduction du fameux mille - pattes humain


• Subtil comme notre cher ami à tous Jean Marie Bigard


• Il faut avoir un doctorat en auto - dérision avec option humour noir

Prison Centipede

S'il y a bien une chose qui ne change pas avec Tom Six , c'est qu'il n'est clairement toujours pas devenu réalisateur. Les deux précédents opus profitaient d'une choc - value facile et d'un concept qui marque par son caractère si improbable que la majorité des spectateurs en oubliaient le vide cosmique qui occupait la place de la réalisation. Ici , il n'est toujours pas question de faire des plans avec un minimum de sens , de choisir des cadres précis , de proposer un gore et choquer sans tomber dans la facilité du gros plan. Nous accueillons avec toujours aussi peu d'envie ces côtés cheap qui plaisent tant à Tom Six ( du moins j'espère que c'est bien intentionnel ). Le film d'ailleurs comporte beaucoup moins de gore et de scènes chocs à proprement parlé , comme si Six avouait enfin qu'il n'avait jamais vraiment eu d'idées à ce niveau - là à part le concept initial de la trilogie. Néanmoins , le plan aérien en plongée qui nous fait découvrir le mille - pattes humain possède un petit côté impressionnant et effarant à la fois , à la hauteur de ce qu'on voit. Le décor carcéral apporte un visuel qui change des deux précédents opus et inscrit le film dans ce sous - genre du cinéma qu'est le film de prison.

Make America Great Again

Ce qui déconcerte , il faut l'avouer volontiers , c'est que Tom Six a enfin des choses à dire et change la direction de sa saga. Déjà , la construction de la saga a pour elle qu'elle joue comme rarement avec la mise en abîme et le brossage du quatrième mur. Les personnages principaux regardent les deux précédents opus et s'en inspirent pour leur " solution finale " , l'impact de la saga est évoqué , Tom Six joue son propre rôle , les acteurs qui avaient incarné les deux antagonistes des précédents films reviennent pour jouer de nouveaux rôles. Tout cela amène à un film qui est conscient de la saga à laquelle il appartient et décide d'apporter un regard plein d'auto - dérision à celle - ci. Les auto - critiques fusent et les références méta conceptualisent et donnent un nouveau souffle au concept. Ce qui déconcerte c'est que l'idée du mille - pattes humain et sa création interviennent que tardivement dans le film , remplaçant un éloge du vide et du morbide par une comédie noire qui vaut ce qu'elle vaut. Six se permet de parler des USA tels qu'il les voit et avec un ton satirique non dissimulé , ce qu'il dit d'ailleurs du système carcéral peut au moins faire réfléchir un peu ( ô MIRACLE ). Certains y verront certaines similarités entre le personnage principal et un certain président à la perruque flamboyante. Le film s'intéresse à son personnage principal avec la très bonne idée de ne jamais expliciter son passif et de barrer la sortie qui l'aurait amené au raisonnable ( c'est peu dire ). Cependant , il n'est pas étonnant que le film déplaise autant tant il est à contre - courant des deux premiers et ne repose pas que sur un morbide qui plait tant à certains (et qui nous faisait comprendre combien sont nombreux les psychopathes en puissance).

Bill Boss

Le film repose quasi exclusivement sur la performance de Dieter Laser qui , même si il semble avoir consommé des drogues dures , est énorme et marque de son aura le film et cette saga qui lui doit tout ( même Tom Six ). Les autres acteurs sont dans le ton du film et il est assez amusant de voir Laurence R. Harvey dans un rôle aux antipodes de son précédent et Eric Roberts pour le nawak de la situation.

Roulement de tambours ...

Ce film révèle enfin ce que Tom Six avait à nous dire ( et ça a prit trois films ) tout en s'affranchissant des deux autres opus pour enfin donner quelque chose qui tient la route. Qu'il est étonnant de ne pas avoir une chimio à faire après le visionnage de ce film.