Ce petit chef d'œuvre de réalisation mettant en scène des stars du demi-siècle qui s'écoule, avec un scénario en béton et un pognon de dingue (merci Netflix) tient sans peine le spectateur en haleine durant trois longues heures et ce n'est pas son seul mérite car il tourne et retourne aussi avec maestria autour du bien et du mal, dans la grande tradition du confessionnal, avec en point de mire la rémission des péchés.
La magie du film de gangster, en racontant le crime du point de vue du criminel, fonctionne à merveille puisqu'elle permet de créer de l'empathie à l'égard de héros dont les agissements, du moins pour deux des trois principaux, pourraient sans peine pousser un Robert Badinter à prôner le rétablissement de la peine de mort (ne parlons pas de l'électeur moyen...) Tout cela est très beau car l'abbé Scorcese sait y faire. Il n'en demeure pas moins qu'aujourd'hui, alors que, dans les œuvres de divertissement, la violence, tant physique que symbolique, entre les sexes et les races est scrutée et dénoncée avec une vigilance affutée à l'extrême, celle qui se déroule entre tueurs et truands est traitée comme un sujet de réjouissance et ferait presque verser une larme sur l'absence de remords d'un exécuteur des basses œuvres de la Maffia finissant sa vie en EHPAD. Bien sûr, ici, le truand Russ, la brute Frank et le truand Hoffa ne font que s'entretuer entre voyous malfaisants. Bon débarras ! Si seulement les harceleurs sexuels ne faisaient que se harceler entre eux et les racistes se lyncher mutuellement... Et vas-y que je te tire à bout portant dans la figure juste comme ça en passant. Ça a l'air si facile. Ça tourne au comique de répétition tous ces flingues qu'on va jeter dans la rivière. Et pour corser on se débarrassera du corps en le passant dans le broyeur de jardin. Qu'est-ce qu'on se marre !