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Martin Scorsese est sans doutes l'un des derniers grands réalisateurs Américains toujours en activité, livrant encore l'excellents films ! Apres avoir en commencé en parti avec Mean Streets en 1973, Scorsese nous à livré au fil des années des longs-métrages sur la Mafia, en autres, aussi pointilleux et maîtrisés les uns que les autres. Du film Les Affranchis, jusqu'en passant par Casino, cette véritable saga se clôt avec The Irishman, oeuvre testamentaire d'un Hollywood et d'acteurs que nous ne retrouverons plus.


Frank Sheeran, surnommé « The Irishman », est un syndicaliste ayant des liens avec la mafia. Il se souvient de son implication dans l'assassinat de Jimmy Hoffa.


Le film est incroyablement bien maîtrisé ! Est-ce peut-être parce qu'il est encore tout frais, mais j'aurai envie de parler de The Irishman comme étant l'un des meilleurs de la carrière de Martin Scorsese.


Apres une première heure surement un peu faible, le film se lance vraiment et nous entraîne dans une grande fresque mafieuse et historique de 3h30, où amitiés, trahisons et bien-sûr criminalité primeront. Steve Zaillian nous offre un scénario maîtrisé. On est véritablement de retour au temps de Les Affranchis, par sa mise en scène et cette plongée entre drame, comédie et tension au cœur des quartiers et des réunions entre grands parrains. Cette dé-diabolisation du genre ''ganster'' est évidement propre à Scorsese. Mais le film retrace aussi une époque, celle des années 60-70. De la crise à Cuba, à l’assassinat de J.F. Kennedy jusqu’à la fin tragique de Jimmy Hoffa, ces années qui nous sont complètement révolues se vivent par les personnages à travers la télévision et en vrai.


Mais The Irishman est avant-tout un film sur le temps qui passent et la vieillesse. On se souvient des premières rencontres de nos amis et on profite de la famille. Et surtout dans sa dernière partie, les personnages plus vieux, affaiblies et malades se questionnent, se remémorent le passé, et tentent de vivre leurs derniers moments pleinement, malgré leurs péchés sur le dos. La perte de contact avec la famille est le fruit aussi ce passé. Cette élément familiale d'ailleurs dans le film est bien représenté par un personnage, celui de Peggy. Nous spectateur, la voyons grandir au même fil que l'histoire continue. Elle ne parle pas, elle assiste simplement à la vrai nature de son père ( l’agression violente de l'épicier sous ses yeux, ou encore le louche retour du père dans le foyer après la disparition de Jimmy Hoffa ).
On tente alors d'aller se repentir à l'église, mais rien ne peut vraiment effacer ce qui s'était passé dans une époque où pouvoir et richesse leur souriait. Cette vision du passé peut s'apparenter aussi aux acteurs et au réalisateur, se souvenant du bon vieux temps, et de leurs chefs d’œuvres qui s'accumulaient.


Une scène de clôture évidemment très belle, et qui interroge. Est-ce simplement Franck Sheeran qui a peur de finir vraiment seul, sans aucun intérêt de personne, et demande donc de laisser la porte entre-ouverte ? Ou est-ce le réalisateur lui-même, Martin Scorsese qui laisse cette porte entre-ouverte, espérant voir une succession prometteuse, un paysage cinématographique embellie par des films à vraie vocation artistique dans le futur ?


Au delà d'Al Pacino ou d'Hervey Keitel, c'est aussi une occasion surement de dire au revoir à un duo, une amitié cinématographique forte depuis des années, celle entre Robert De Niro et Joe Pesci. Toujours rassemblé par cette amour fraternel grâce à Scorsese dans Raging Bull , Les Affranchis ou encore Casino, c'est un duo qu'on ne reverra sans doutes plus jamais, ou du moins pas dans un aussi bon film.


Martin Scorsese réussi à orchestrer toute cette fresque grâce à une mise en scène dont seul lui a le secret. Les nombreux travellings dynamiques en plans-séquences, cette caméra partant d'un coin de la pièce jusqu'au détail qui l’intéresse, ou encore ses ralentis soignés ... l’efficacité et la propreté de sa réalisation le tout crédibilisé encore plus par ces décors fantastiques, resterons sa marque de fabrique et augmente vraiment le crédit du film.


Pour son coté plus technique, le film intéresse beaucoup pour sa prouesse concernant le rajeunissement des acteurs. Heureusement, il remplie bien son travail et sans ne paraître non-plus invisible, le rajeunissement est crédible sur les acteurs.


Inévitablement l'un des meilleurs films de cette année 2019 ! Mais The Irishman aurait malheureusement du être vu en salle, et non sur un simple écran d'ordinateur ou de télévision. Quand j'entendais Martin Scorsese sur France Inter, qui affirmait que des films comme les siens n’intéressent plus les gros producteurs du coté d'Hollywood ... J'ai peur évidement.

RemiSavaton
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le 28 nov. 2019

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Rémi Savaton

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