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Heureusement que Ben & Jerry's n'existait pas

Scorsese, deNiro, Pacino, Pesci, Keitel... OOF ! Ils sont là, les monuments du cinéma de costards croisés cachant un .38 dans le futal. L'affiche, la distribution 4 étoiles, 3H20 de bonheur s'annoncent. On anticipe les répliques, certaines nous viennent en tête : les Affranchis, Casino, pourquoi pas du Taxi Driver même. On attend en trépignant cette fresque Mafieuse de Bufalino vue à travers les yeux bleus (!!!) de Robert de Niro aka Frank "The Irishman" Sheeran.



I heard you paint houses.



Sauf que malgré tout, le film souffre beaucoup a dépeindre cette période, tout d'abord par ce manque de timeline plus précise. Certes, le film en apporte avec quelques faits historiques pour placer certaines dates comme la mort de Kennedy, la baie des cochons, Les Twin-Towers, mais le film débute fâcheusement par une double ou triple temporalité : celle du présent (les 90's) ou Franck Sheeran est vieux grabataire en maison de retraite, qui va osciller entre deux autres temporalités sous formes de flash-Back, l'une dans les années 60, l'autre dans la fin des 70's, enfin, je crois (je ne connaissais pas cette nébuleuse "Bufalino" de Philadelphie) Même le temps qui s'écoule est difficile à apprécier : combien de temps à passé Franck Sheeeran auprès de Jimmy Hoffa (Pacino) à le seconder et développer cette amitié si précieuse ? L'indice le plus probant restant souvent la couleur de cheveux des acteurs, c'est d'autant plus dommage car Scorsese nous donne cette impression qu'il faut connaitre parfaitement l'histoire de Etats-Unis et de sa pègre pour pouvoir comprendre réellement l'intrigue.


En parlant de cheveux, notre Scorsese, occupé a critiquer les Marvels, mais bien content d'utiliser les techniques développées par Marvel Studio pour rajeunir son cast. Il faut l'admettre, dans l'ensemble c'est "assez" bien fichu, sauf quand il s'agit de foutre une trampe à l'épicier du quartier (pourquoi ne pas avoir utilisé une doublure sur ces scènes ridiculement musclées ?) Le problème vient surtout des acteurs. Non pas que je renie leurs talents et encore moins leurs immenses carrières, j'ai trouvé les traits d'écritures un peu grossiers. Ce fameux CGI qui donne un aspect "cireux" aux acteurs simplifiant d'avantage leur jeu, le rendant par conséquent, un peu monocorde. On a cette triste impression de se retrouver dans une maison de retraite Hollywoodienne, à contempler des statues du musée Grévin se disputant la cerise autour d'une glace vanille comme de vieux couples. De Niro en force tranquille au regard fixe, Pacino dans son registre de fou furieux criard, Pesci, le patriarque et son air narquois inquiétant et enfin Harvey Keitel faisant du...Keitel (d'ailleurs, ses apparitions tiennent plus du caméo autant son impact est faible sur le scénario) jusqu'ici pas de surprises, tout le monde joue sa partition (presque) comme prévue et donne trop souvent aux séquences cet air de "déjà-vu" -les CGI et les crèmes glacées en plus.



Three people can keep a secret only when two of them are dead.



Il y'a aussi cette étonnante idée de rajeunir les vieux, et de vieillir les jeunes. C'est surprenant de voir De Niro travailler avec/pour des gueules qui représentent l'avenir du film de Ganster-Italien (je pense surtout à Bobby Cannavale, Stephen Graham ou encore l'excellent Domenick Lombardozzi) l'idée de leur laisser une place dans cette complexe fresque est tout a fait louable, mais elle n'apporte pas cet héritage légitime entre les dinosaures du genre et cette nouvelle génération, surtout à l'attribution des rôles que j'aurais aimé inversée ici. Cela n'a rien du film testament car on gardes nos figures dans leurs schémas habituels, et encore moins du passage de relais comme le cinéma d'action des années 80's a sensiblement mieux réussi a négocier, Expandables en tête (oui oui !)



Only three people in the world have one of these, and only one of them is Irish.



Bref, malgré une solide reconstitution d'époque(s), un sens de la mise en scène indiscutable, j'émet des réserves sur The Irishman. Je n'ai pas eu autant froid dans le dos que sur les blagues de Pesci dans les Affranchis, je n'ai pas été autant captivé par la sèche cruauté de Casino, j'ai juste cette impression de "moins bien" ou "trop tard..." non pas que le film n'ai pas sa place dans le paysage cinématographique actuel, au contraire je salue pour une fois Netflix de laisser carte blanche a cette immense réalisateur qu'est Scorsese.


Vincent Cassel disait à son propos : "Scorsese est toujours capable à 70 ans de se réinventer quand on voit The Wolf of Wall-Street" ce que je ne peut qu’acquiescer, mais ce n'est pas le cas sur cette oeuvre, un peu trop fondue ou sans cerise pour mon palet, sans doute trop habitué aux Haagen-Daaz ?

IsaacWashington
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le 19 janv. 2020

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