Je pourrais me contenter de vous dire que The Jane Doe Identity, c'est très bien et qu'il faut y aller. Ca me permettrait au moins de ne pas déflorer l'intrigue et de ne pas me casser la tête à écrire une critique. Mais je te sens de plus en plus exigeant, cher abonné, donc, je vais essayer de te donner l'envie de percer le mystère de l'identité de cette charmante inconnue.


Le film débute sur une scène de crime, qui empile les cadavres à mesure que les enquêteurs progressent dans la maison qui abrite le carnage. Quelle manière plus efficace de planter le décor, avant de s'enterrer dans une morgue familiale, un peu vétuste, qui annonce le huis-clos à venir.


Mais avant cela, le scénariste semble déterrer quelques souvenirs d'enfance, tant l'autopsie du corps de cette jeune fille, have, immaculé, quasi magnétique, que la mort ne prive cependant pas d'une certaine beauté, ressemble parfois à une partie de Docteur Maboule. Car le père et son fils en découvrent, des choses, là dedans, toutes plus incongrues, inexplicables et étranges les unes que les autres. Le spectateur, lui, est totalement happé dès la première minute, et essaie de rassembler les pièces du puzzle avec les protagonistes de cette incroyable autopsie. Sa curiosité est piquée au vif et il tente de trouver des explications à ce qui défie l'imagination, à mesure que Brian Cox et Emile Hirsch s'enfoncent, quant à eux, petit à petit, en plein cauchemar.


De film à suspens quant aux causes de la mort de Jane Doe, le film bascule en effet, sans crier gare, du côté de l'horrifique en évoluant dans un lieu clos que les jeux de lumières redéfinissent de manière constante, tout comme certains jeux de reflets et d'intrusion dans un cadre de plus en plus étriqué et stressant.


Le fantastique prend ainsi possession du film dans son entier, qui, jusqu'alors, ne jouait que sur les relations et le quotidien d'une famille perpétuant un certain héritage qui sera par la suite confronté à celui de la souffrance et de la haine. Les portraits dessinés seront sans doute considérés comme un peu rapides. Mais les non-dits et les culpabilités qui animent le père et le fils proposent, en creux, quelque chose d'un peu plus personnel, d'un peu plus intime.


Le décor est minimal, mais le suspens constamment instillé se charge de nourrir un peu plus encore The Jane Doe Identity et de proposer des moments de flippe presque toujours maîtrisés et habiles, même si pour ce faire, André Ovredal cède, dans la dernière ligne droite, à quelques effets un peu trop spectaculaires et une ou deux incrustations perfectibles. Car la retenue, c'est ce qui va le plus au teint blafard de la jolie Jane Doe, quand son économie prend aux tripes au seul tintement d'une clochette, à la seule saute des ondes d'un vieil appareil de radio. Ou quand elle joue sur les bruits de scie, le craquement des os et les images généreuses de ce qui prend des allures de véritable dissection.


Efficace, The Jane Doe Identity l'est, terriblement, renforcé par une ambiance noire, mortifère, désespérée, accablante. Traversé de séquences cauchemardesques qui resteront en mémoire comme, même s'il est peut être prématuré de le dire, l'un des coups de coeur du fantastique estampillé 2017 dans ce qu'il a de plus sincère, classique et direct.


Behind_the_Mask, ♫ Sur la table abandonné, coprophages et corps glacé... ♪

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le 31 mai 2017

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