Essentiellement penché pour la dramaturgie, James Gray monte sur la nouvelle marche qu’est celle de l’aventure ! Le premier contact est visuel et nous aurons de quoi être séduit par le choix de grains, apportés par la pellicule. L’immersion est d’un bluff, qu’à côté du portrait que l’on se fait de l’adaptation de David Grann, nous sommes éperdument transportés au cœur de l’Amazonie et de ses nombreux mystères qui la guettent. On reconnaitra immédiatement les influences de Fitzcarraldo ou encore d’Apocalypse Now et une pointe d’Indiana Jones pour l’hommage, offrant un esthétisme d’une beauté immersive.


C’est pourquoi le personnage du Colonel Percival Fawcett (Charlie Hunnam), brillant officier et explorateur britannique, fait l’objet de toute une folle ambition. Son scepticisme est confronté à une communauté scientifique et à des croyances religieuses occidentales qu’on l’on aborde à peine, malgré son importance. Naît alors une obsession, sans remord mais pleine de folie.


Concernant ses proches, sa femme Nina (Sienna Miller) et Henry Costin (Robert Pattinson) auront rapidement trouvé une place au second plan. Leur destin est tracé de bout en bout, sachant qu’une évolution apparente n’est pas envisageable ici, relevant surtout de la fiction afin d’alimenter les discours d’honneur et de fierté. Seul le fils aîné, Jack (Tom Holland) a droit à un traitement de mise en perspective. Malgré un choix de mise en scène léger dans le corps, ce personnage apporte la clé de voute et de conclusion à cette aventure aux sens divers.


Par ailleurs, la notion du temps est au centre du débat et la plupart auront noté une longueur notable dans cette aventure. La linéarité de l’écriture fait que l’on s’accroche aisément à l’introduction. Mais plus on avance et plus le fil temporel se perd à travers des ellipses, parfois mal négociées. Le rythme freine alors plusieurs fois au nom des multiples temps morts entre chaque expédition.


Le contexte historique fait que des événements majeurs obligent le réalisateur d’accorder ces instants de répit. Nous aurions tout de même pu éviter de sombrer dans des arcs trop descriptifs et contemplatifs. La pointe de passion et d’émotion compensera au moins cette lourde charge, pourtant nécessaire au développement de l’intrigue.


Et au bout du chemin, le cadre familial possède son lot l’importance sur de nombreux point et soulève bien plus qu’un conflit interne. La relation et la parité homme-femme ne fait aucun doute ici, et son introduction manque malheureusement de subtilité, à force de marteler le contraste. Au-delà de ce regret, on reconnait la métaphore d’une civilisation recherchée, à la fois dans l’inconnu et dans la société qui « soutient » le projet. Il en va de même à la vue des relations entre Percival, combattant son démon passionnel, et ses enfants en recherche d’un paternel présent et attentionné. Le dénouement développera une fausse déception, tout en conservant cette part de mystère qui hante encore notre curiosité aujourd’hui au sujet la découverte de Z. Chacun recherche donc « sa » cité, mais la signification diffère d’une personne à l’autre. Le tout est de savoir lier les observations.


En somme, « The Lost City of Z » est une escapade épique, sachant les faits réels, garnie de leçons morales à l’égard d’une société égoïste et suffisante à elle-même. Il en résulte la quête de l’inconnu, éveillant les esprits ouverts à l’espoir et la poésie tragique.

Cinememories
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le 8 juin 2017

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