Après une bonne grosse claque, The Chaser, Na Hong-jin sort cette année un nouveau thriller, sans doute le film asiatique le plus attendu de l'année. Or c'est une semi-déception. Difficile de critiquer le film négativement, car dire que c'est un mauvais film serait faux, dire qu'il est trop parfait pour être bon serait également erroné. Mais alors d'où vient cette déception ? Le film est calibré comme un bon Michael Mann, plutôt expressif dans son style, vif et rythmé. Cependant il n'a rien - hormis peut être la virtuosité de l'écriture - qui l'élève au dessus d'un autre thriller, il n'a pas l'étincelle qui faitt de ces films coréens de grandes œuvres ne se limitant jamais à leur genre de base. On a là en effet un film assez irréprochable, une rivière qui s'écoule de manière fluide mais qui malheureusement ne sort jamais de son lit. Scénario assez complexe, la moindre baisse d'attention est synonyme de possible confusion entre ceux qui traquent et ceux qui sont traqués puisque ceux qui traquent sont traqués par ce qui traquent aussi ( ouch ). Il n'y en a qu'un, le personnage principal, qui lui est traqué par tout le monde parce qu'il s'avère que la proposition qui lui avait été faite cachait un traquenard diabolique qu'il essaye de fuir tout le film durant. Bref, un tas de personnage, chinois, coréen, qui de notre point de vue se ressemblent tous ( dédicace habilement retournée ) et on évite de peu le Japon, masses de protagonistes qui prêtent à perdre le fil ou la raison, ou les deux. Na Hong-jin use de son récit pour mettre en lumière la précarité des marginalités ( car en Asie 800 000 personnes c'est une ethnie marginale, si si ), celle des Joseonjoks en l'occurrence, et il le fait plutôt bien. Finalement on ne peut accabler le film de ses intentions ni d'ailleurs de leur mise en scène - les scènes de poursuite, de carambolage sont excellentes - mais le fait est que l'un dans l'autre quelque chose enraye la machine. Tout n'est pas aussi prenant et animal que The Chaser, le film manque de fulgurance bien qu'il soutienne correctement ses 2h20 d'action. Efficace, le film se veut trop incontestable pour séduire totalement. Trop bridé ( j'ai osé ) pour s'offrir des excès de vitesse salutaires, The Murderer respecte trop les codes pour les défaire furieusement.
Heisenberg
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le 13 août 2011

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