Je ne suis pas un admirateur du style de Winding Refn, non pas que je ne lui reconnaisse pas un certain talent pour l'esthétique, ce serait mentir que de prétendre qu'il n'en n'a pas, mais son cinéma me laisse souvent de marbre. Néanmoins The Neon Demon était tout à fait le genre de sujet susceptible de m'intriguer.


Je n'avais que moyennement apprécié Drive que j'avais trouvé globalement beau mais creux, malheureusement c'est un peu le même constat concernant The Neon Demon bien qu'à peu de choses près il demeure plus captivant. Le film fascine par son esthétique très marquée et le sens de la mise en scène de Refn, le postulat de départ du film également s'avère efficace. Disons que visuellement le film s'accorde à la perfection avec son sujet et le thème associé.


En revanche là où l'ensemble pêche trop souvent c'est concernant les métaphores et les symboliques, tout est très cheap, boursoufflé comme un sous-titre clignotant nous indiquant ce qu'il faut déduire de l'image que l'on nous propose. La scène du défilé est très représentative de cela, et nul besoin de mettre autant d'artifices pour comprendre que c'est à partir de cet instant que le personnage principalement va radicalement changer. Idem concernant la présence du puma dans la chambre de Jesse, on sait pertinemment qu'elle a de la concurrence. Outre cela il faut bien avouer que certaines choses fonctionnent, notamment en terme de mise en scène, certains images marquent vraiment la rétine. Les couleurs sont belles, la photographie aussi bien sûr et les décors permettent aux actrices de déployer un véritable arsenal de jeux aussi vaste que juste.


C'est justement parce que le casting est impeccable et qu'il s'en sort à merveille que l'on regrette de voir à quel point le réalisateur se laisse trop souvent aller à un délire arty et finalement assez vain pour parler de la beauté. D'un côté le film traite le sujet efficacement en proposant des séquences qui font mouche, la première séance photo par exemple ou bien encore la séquence d'ouverture et d'un autre le discours est plombé par un trop-plein de bonnes intentions visant à vouloir éclaircir le sujet qui gagne pourtant à être plus mystérieux afin de proposer plusieurs niveaux de lecture. Ainsi la scène "choc" de la morgue avec Jena Malone tombe complètement à plat, ce n'est vraiment pas à travers cette scène là que le personnage, qui est par ailleurs le plus intéressant du métrage, se dévoile.


Elle Fanning est très juste et tient sûrement son meilleur rôle ici, mais personnellement je lui préfère Jena Malone dont l'interprétation oscille sans cesse entre une grande justesse et une redoutable composition incisive. Abbey Lee et Bella Heathcote sont également très justes mais plus en retrait malgré l'importance de leurs deux rôles. En revanche Keanu Reeves tient plus de la figuration qu'autre chose, son personnage n'exprime rien de particulier.


Nicolas Winding Refn nous emporte dans son univers à la recherche de la beauté ultime, une sorte de Graal inaccessible qui se cache à travers ces décors, cette musique et cette mise en scène si particulière et efficace. Mais rarement le discours ne trouve un véritable intérêt, malgré un quatuor d'actrices impeccables. Beau mais creux encore une fois.

E-Stark
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le 5 nov. 2016

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E-Stark

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