Réinventer le genre d’action est une tâche qui n’est pas à la portée de tous. On identifie davantage d’œuvres caricaturant leur tête d’affiche afin de les différencier. Concernant le cas de Liam Neeson, il a repris un nouveau souffle avec « Taken ». Ce fut court, mais depuis cet instant, l’acteur n’enchaine que des prestations peu inspirées ou du moins qui n’évoluent pas plus que le film précédent. On le ressent dans le dernier essai de l’espagnol Jaume Collet-Serra, qui a porté l’acteur anglais dans ses derniers thrillers. Avec « Sans Identité », « Non-Stop » et « Night Run » à son actif, l’interprète ne dément pas au rôle-titre qui constitue toujours la charnière centrale d’une intrigue cohérente, à défaut d’être crédible.


La tension est palpable dans un lieu public, car les évènements font que personne n’est intouchable. Ajoutons un moyen de transport qui constitue le quotidien de nombreux travailleurs, ou commuters, entre leur domicile et leur emploi, on y trouve un certain automatisme d’écriture. Cependant, ce maigre postulat ne fait que ralentir le récit et les diverses péripéties pompeuses n’aident pas. Neeson campe alors Michael MacCauley, ex-flic et père de famille en difficulté, dont il illustre toute la banalité d’un personnage affaibli par le temps. Mais l’expérience le rattrape et il est soumis à un défi qui n’est pas à la portée de tous. On le justifie par un choix de vie, qui implique à la fois sa vie privée et une vie inconnue à bord du d’un train en route vers le bout de la journée.


Rien à dire sur ce point, l’acteur Irlandais domine l’écran et on ne pèse pas ses mots car le compteur démontre que tout repose sur ses épaules. Cela impose de nombreux clichés et autres stéréotypes qui occupent le train. La traque à l’aveugle prend tout son temps pour construire des tensions qui divertissent sans plus. Et il en va de même pour les seconds rôles qui font mines de briller et on pense de suite à Patrick Wilson et Vera Farmiga, suffisants. La mise en scène recycle encore et encore mais le nouvel environnement peut induire le doute, quant à l’efficacité de cette dernière.


Avec une grande volonté de tutoyer un cinéma artisanal, mais on ne fait que régresser dans un infernal tourment, où Neeson ne peut s’empêcher d’enfiler un autre costume, fait de fébrilité et de charisme dont on connait déjà les nuances. Pourtant, on sent une volonté dans cette collaboration, de rendre hommage aux genres des années 80-90. Malgré cela, on passe parfois à côté de quelque chose de plus grand. La dynamique du récit est très active, on relâche très peu la pression et on cale notre visionnage à la vitesse de cette ligne de banlieue. Ce n’est parfois que du vent, mais la tension ne lâche plus le personnage, dès lors qu’il a accepté sa mission. Cela dit, on aurait pu nous épargner un deuxième acte plutôt maladroit dans le suspense. Le dénouement aborde les révélations avec une facilité déconcertante et une grande prévisibilité.


Et personne ne devrait bouder le plaisir de contempler un cinéma qui propose. Le réalisateur s’efforce de soigner son rythme et son scénario, tout de même bien pensé. « The Passenger » fera partie de ces nombreux œuvres qui seront oubliables aussitôt vu, mais qui régale en matière de divertissement d’action. Rares sont ceux qui offrent d’aussi bonnes intentions, alors que ceux-ci tentent d’innover. Mais il n’est pas toujours nécessaire d’aller compliquer les choses. Le mieux est d’apprécier de bon cœur ce que tout public attend en entrant en salle, une évasion.

Cinememories
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le 10 févr. 2018

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