Bornman (ou L'Ours de valse triste)

29 Février 2016, on s'approche des 6h du matin, je suis là, dans le noir, assis sur mon fauteuil, devant mon ordinateur depuis minuit, à attendre ce moment fatidique, le moment où on remet enfin l'oscar du meilleur acteur, pour se faire nous accueillons Julianne Moore sur scène, toujours élégante la rousse ouvre l'enveloppe, moi le cœur battant j'attend de voir si une fois encore la statuette va lui passer sous le nez et venir décorer le salon d'un autre nommé, et voilà que le nom de Leonardo DiCaprio sort de la bouche de la charmante Moore, ainsi mon cœur reprend sa vitesse normale et je peux sortir le mot que je pense des milliers de personnes ont tant attendu : ENFIN !


Et ce même mot m'est revenu pas plus tard qu'hier, jour où j'ai enfin pu voir The Revenant au cinéma, c'est que j'en avais un peu marre d'attendre à force, donc une fois dans la salle, assis sur un fauteuil rouge que mon cul n'a pas vraiment apprécié après plus de deux heures, et des p'tits vieux à coté de moi qui faisaient du bruit, j'ai quand même pu me plonger corps et âme dans cette aventure vengeresse.
Après une bande annonce tout simplement scotchante, sans aucun doute une des meilleures que j'ai vu dans ma vie, j'ai pu faire face au film, qui en 2h36 n'ennuie même pas une brève seconde, estomaqué par ces images, ces décors naturels, ce casting impeccable et par cette réalisation aux nombreux plans séquences à tomber, comment est-il possible de s’ennuyer ? Malgré des problèmes de météo qui ont du faire changer l'équipe du film de lieu, le retard pris, et d'autres choses comme le fait d'utiliser uniquement des lumières naturelles, ce qui forcer l'équipe à ne tourner que quelques heures par jour pour être raccord, cette pépite nous est tout de même arrivée. Critiques bluffées, succès immédiat, oscar pour Léo, encore une réussite et un événement pour son réalisateur, The Revenant arrive comme le messie, et je ne parle pas de Lionel attention...


Alors que cette adaptation du livre de Michael Punke tirée d'une histoire vraie est passée entre plusieurs mains dont celles de Park Chan-wook par exemple, c'est finalement le réalisateur du stupéfiant et non moins réputé Birdman, Alejandro González Inárritu, qui se mettra au boulot. Quand on connait sa passion pour les plans séquences et la technique opérée sur le même Birdman, on est en droit de ce dire que dans des décors extérieurs, car le film est exclusivement tourné en extérieur, enneigés et glacés, le gars va nous pondre une merveille rétinienne. Style proche d'un Terrence Malick, plusieurs plans y font penser, Inárritu apporte sa touche personnelle, sa brutalité, et bien sur il n'est pas un adepte du cut comme ce bon vieux Terry, non lui il opte pour les plans séquences, faux ou vrais, ils sont tous atomisant, à tel point que quand commence une scène, je suis là à guetter où elle va s'arrêter. Autant dire que l'oscar du meilleur réalisateur devait absolument lui revenir, il enchaîne donc un doublé après Birdman, dommage en revanche que celui du meilleur film n'est pas suivi. Mais on peut se réjouir du coté photographie, puisqu'elle aussi remporte une statuette, plus que mérité quand on voit la beauté de chaque plan, couleurs froides se mariant admirablement avec les quelques scènes près d'un feu, le ciel de nuit, la forêt sous la pluie, et j'en passe, ce film est un tableau tout simplement. Pour revenir sur la technique utilisée, malgré le fait que tout soit le plus naturel possible, quelques effets spéciaux évidents se joignent au métrage, comme l'ours par exemple, impossible de ne pas parler de cette scène qui a enflammée le ternete, visible dans la bande annonce, cette scène violente, douloureuse et jubilatoire est tout bonnement mémorable et exceptionnelle, jamais une telle chose n'avait été faite. Bien qu'on repère quelque peu les CGI, le tout reste si brutal, si réaliste, tourné en plan séquence en plus, une scène culte et inoubliable incontestablement. Décidément j'ai encore oublié quelque chose, je ne sais pas quelle caméra est utilisée pour le film, mais j'avais l’impression de voir de la 3D par moment, quand on se retrouve face à un fusil par exemple ou la tête d'un cheval à un moment, j'avais vraiment l’impression que ça sortait de l'écran, la caméra apporte une sorte d'arrondissement des bords de l'image, ce qui permet une immersion unique.


Bon on a parlé de la technique, de cette réalisation où la caméra flotte au dessus des rivières et au milieu des arbres tel un spectre, mais scénaristiquement ça vaut quoi ? Puisque c'est là que certaines personnes calent. On reproche au film d'être une coquille vide, un bel emballage mais avec une surprise en carton à l'intérieur, moi ma question est : Que cherchez vous ? Un film sur le sens de la vie, sur la famille, sur la religion, sur l'existence d'un dieu, je ne comprend pas vraiment cette recherche absolu de sens, de profondeur. The Revenant se base sur une histoire simple mais vraie, un homme qui après avoir été attaqué par un ours et laissé pour mort par ses acolytes va vouloir se venger, pourquoi se besoin de vouloir autre chose ? Et puis personnellement j'y vois un message d'amour, un message familial comme souvent chez Inárritu, une revanche purement et simplement également, la nature humaine à son instinct le plus animal, le plus basique. Je ne comprendrais donc jamais ce que vous cherchez tout le temps, de l'émotion ? Une quelconque réflexion ? Pourquoi ? La vie n'est pas que réflexion, la vie est aussi parfois très simple, l'homme est simple, une de ses fonctions les plus élémentaires est la vengeance, la haine, ici on tue son fils et on le laisse pour mort, vous vouliez quoi de plus sérieusement ? Tout ça pour dire que je n'y vois rien de vide, de simple peut être, mais à ce moment là où est le mal ?
Bref, ce parcours épique, plus qu'épique même de ce Hugh Glass est passionnant de bout en bout, tout comme la fuite de l'assassin de son fils John Fitzgerald, entre bataille avec les indiens, affrontement final sanglant, baignade dans une cascade, et j'en passe tellement, ce film qui sait se faire lent mais en aucun cas chiant, et brutal comme il faut, est des plus palpitant, des plus captivant. Pour incarner ces deux faces d'une même pièce, bien que plusieurs noms soient passé sur la table une fois encore, c'est au final deux monstres du 7ème art qui s'affrontent ici, en tête de toute évidence un Leonardo DiCaprio christique et vengeur, face à un Tom Hardy bourru et lâche. Je ne le cacherais pas plus longtemps et certains le savent déjà, ce qui m'a le plus attiré dans ce projet, c'est la voix de Tom, en version originale bien sur. Je n'ai jamais entendu un mec changer autant de fois d'accent au cour de sa carrière, ici il possède surement un de ses plus jouissif d'ailleurs, l'entendre est donc un pur plaisir. Mais impossible de résumer ces acteurs ainsi pour autant, acteurs qui se retrouvent une seconde fois après Inception. Léo de son coté à refusé le rôle de Steve Jobs pour ce film et Tom fut contraint d'abandonner le casting de Suicide Squad à cause du retard du tournage, en définitive, quel regret avoir quand on est les voit possédé ainsi dans ce combat purement animal ?
Deux prestance fabuleuses et un charisme délicieux, malgré le coté cracra de leur personnage, qui ont la totale classe d'ailleurs. Pour les accompagner dans cette glaçante marche nous retrouvons un Domhnall Gleeson qui décidément ne s'arrête plus, en pleine montée ce gars ne cesse d'épater, le jeune Will Poulter de son coté n'est pas sans reste puisqu'il incarne à merveille ce jeune homme déboussolé, Paul Anderson qui croise une fois encore le chemin d'Hardy après Peaky Blinders et Legend est sans reproche également, quant au jeune chargé de jouer le fils de Glass, Forrest Goodluck, il s'en sort plus qu'admirablement.


Bon, de quoi allons nous parler maintenant hein, déjà que c'est bien long comme critique, que rajouter, que la bande originale puissante et angélique se fond fabuleusement avec l'ambiance, que les costumes sont travaillés avec détails et soins, tout comme le maquillage, blessures et autres, que les décors sont... ah je vais finir par radoter, non là je commence à sécher, et c'est peut être pas plus mal, car il est impossible de résumer, que ce soit en quelques lignes ou en un pavé infini ce qu'est ce film.
Sans aucun doute un des meilleurs western que j'ai vu, et surement le meilleur film de 2016 si un autre ne le détrône pas, ce qui sera très dur, très dur.

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le 14 mars 2016

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-MC

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