Marche funèbre
Ce n'est pas très conventionnel, mais commençons par une mise au point entre rédacteur et lecteurs : je fais partie des rares personnes qui n'ont pas aimé Birdman, le précédent travail d'Alejandro...
le 25 févr. 2016
173 j'aime
41
Car si ça ce n’est pas de la Force, je ne sais pas ce que c’est…
N’ayant pas encore eu la chance de plonger dans la poudreuse de Tarantino, un autre espace blanc m’a ouvert les bras, et quelle magnifique consolation cela fut ! Pendant plus de 2h30 j'ai été littéralement immergée dans les contrées sauvages de The Revenant.
Le film retrace l'histoire de Hugh Glass, un trappeur américain, qui après avoir été attaqué par un grizzly est grièvement blessé (vous pensez bien). Par un concours de circonstances (que je ne détaillerai pas) il est laissé pour mort par ses compagnons et, par conséquent, est obligé de trouver un moyen de survivre seul tant qu'il lui reste un souffle de vie. Car voilà bien pour moi l'essence du film où le mot "vivre" prend tout son sens. Chacun des personnages, à sa façon, est en quête de vie (et même pas d'une vie) dans un décor de tous les dangers.
Les premières scènes du film sont déjà extraordinaires et nous plongent entièrement dans le monde de ces hommes, rempli de menaces. Particulièrement intenses avec une caméra tellement proche qu’on sent le souffle glacial et l’odeur du sang. Puis arrive cette scène impressionnante avec la bête qui a duré 4 bonnes minutes haletantes et dont la fin a laissé échapper 1 ou 2 « Fuck » qui ont fusé dans la salle. Il faut dire qu'on y est presque et la douleur est si bien incarnée qu'on en ressent des frissons. C'est ainsi que commence le combat de Glass ("As long as you can still grab a breath, you fight."), sa volonté de survivre contre la force de la nature.
Cependant, la beauté du film ne réside pas que dans son histoire qui est assez simple si on oublie la véracité de son propos. La beauté, on la voit dans les étincelles qui s’envolent, dans l’eau qui ruisselle et dans la lumière du soleil qui pénètre entre les branches... Filmée en lumière naturelle, Inárritu nous offre de la beauté à l’état pur (un grand merci à la photographie d'Emmanuel Lubezki). Les images qui éblouissent, à la Malick, de ces paysages sublimes nous font parfois oublier les dangers qu’ils renferment. Mais vite on y a droit, l’homme à l’état sauvage, le Leo vs. wild nous tient en haleine jusqu'à la revanche des dieux.
Inárritu, même s'il n'était pas le premier choix pour la réalisation du film, nous offre du grand spectacle pour les yeux et du génie dans la narration. Il a su nous subjuguer par la pureté et l'immensité des paysages de l'Amérique sauvage (majoritairement filmés au Canada) et nous captiver par des plans-séquences palpitants. Il nous a entraîné, à travers le regard d'un homme, dans une bataille acharnée et admirable.
DiCaprio nous livre ici une de ses plus belles performances dans un rôle de toute beauté. Même si un satané Oscar ne vaut pas grand chose pour nous, il doit valoir son pesant d'or pour un acteur comme lui qui n'en est pas à sa première prouesse, alors je le lui souhaite cette année ^^. Tom Hardy, lui aussi, déchire l'écran en badass à l'accent (OMG) incompréhensible. Tous les acteurs sont parfaitement dirigés (même les français :) ) dans ce cadre dur et sauvage.
La musique de Ryūichi Sakamoto nous guide merveilleusement à travers les émotions de Glass, tantôt angoissante, tantôt mélancolique (Theme). Mais parfois le silence fait le reste avec pour seuls compagnons le bruit de la nature et le souffle de l'homme.
Voilà donc un film qui m'a fait forte impression et qui m'a donné envie d'y retourner juste pour ressentir encore une fois sa force.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 13 janv. 2016
Critique lue 1.7K fois
56 j'aime
22 commentaires
D'autres avis sur The Revenant
Ce n'est pas très conventionnel, mais commençons par une mise au point entre rédacteur et lecteurs : je fais partie des rares personnes qui n'ont pas aimé Birdman, le précédent travail d'Alejandro...
le 25 févr. 2016
173 j'aime
41
Passé l’exercice de style, accompli avec un brio rafraîchissant et sans précédent, de Birdman, Inarritu revient avec une œuvre, toute aussi maîtrisée, mais plus complète. Dès l’une des premières...
Par
le 28 déc. 2015
114 j'aime
18
Pfiou ! Quel après-midi mes aïeux ! Je dis ça mais je n'ai pas la moindre idée de l'âge moyen de mes chers lecteurs. Tiens, en voilà une question qu'elle est bonne ! Quel âge avez-vous, chers...
Par
le 28 févr. 2016
101 j'aime
31
Du même critique
Dear Jeff, Je suis tombée tardivement dans les méandres de tes pellicules poussiéreuses, et je m’en excuse humblement. Après tes histoires de familles dans Shotgun Stories et ton immersion...
Par
le 12 juin 2016
78 j'aime
6
Il est des films qui ne quittent pas les mémoires et Le Tombeau des Lucioles (Hotaru no haka) est pour moi l’un de ceux-là. L’histoire de deux jeunes êtres, un frère et une sœur, Seita et Setsuko,...
Par
le 6 mars 2016
75 j'aime
11
Il est des fils qui cassent, d’autres qui lient. Il est des noms qu’on crie, et d’autres qu’on oublie. Kimi no na wa… Monsieur Makoto Shinkai nous a habitués, il faut le dire, à sa vision des liens...
Par
le 21 janv. 2017
73 j'aime
12