Car si ça ce n’est pas de la Force, je ne sais pas ce que c’est…


N’ayant pas encore eu la chance de plonger dans la poudreuse de Tarantino, un autre espace blanc m’a ouvert les bras, et quelle magnifique consolation cela fut ! Pendant plus de 2h30 j'ai été littéralement immergée dans les contrées sauvages de The Revenant.


Le film retrace l'histoire de Hugh Glass, un trappeur américain, qui après avoir été attaqué par un grizzly est grièvement blessé (vous pensez bien). Par un concours de circonstances (que je ne détaillerai pas) il est laissé pour mort par ses compagnons et, par conséquent, est obligé de trouver un moyen de survivre seul tant qu'il lui reste un souffle de vie. Car voilà bien pour moi l'essence du film où le mot "vivre" prend tout son sens. Chacun des personnages, à sa façon, est en quête de vie (et même pas d'une vie) dans un décor de tous les dangers.


Les premières scènes du film sont déjà extraordinaires et nous plongent entièrement dans le monde de ces hommes, rempli de menaces. Particulièrement intenses avec une caméra tellement proche qu’on sent le souffle glacial et l’odeur du sang. Puis arrive cette scène impressionnante avec la bête qui a duré 4 bonnes minutes haletantes et dont la fin a laissé échapper 1 ou 2 « Fuck » qui ont fusé dans la salle. Il faut dire qu'on y est presque et la douleur est si bien incarnée qu'on en ressent des frissons. C'est ainsi que commence le combat de Glass ("As long as you can still grab a breath, you fight."), sa volonté de survivre contre la force de la nature.


Cependant, la beauté du film ne réside pas que dans son histoire qui est assez simple si on oublie la véracité de son propos. La beauté, on la voit dans les étincelles qui s’envolent, dans l’eau qui ruisselle et dans la lumière du soleil qui pénètre entre les branches... Filmée en lumière naturelle, Inárritu nous offre de la beauté à l’état pur (un grand merci à la photographie d'Emmanuel Lubezki). Les images qui éblouissent, à la Malick, de ces paysages sublimes nous font parfois oublier les dangers qu’ils renferment. Mais vite on y a droit, l’homme à l’état sauvage, le Leo vs. wild nous tient en haleine jusqu'à la revanche des dieux.


Inárritu, même s'il n'était pas le premier choix pour la réalisation du film, nous offre du grand spectacle pour les yeux et du génie dans la narration. Il a su nous subjuguer par la pureté et l'immensité des paysages de l'Amérique sauvage (majoritairement filmés au Canada) et nous captiver par des plans-séquences palpitants. Il nous a entraîné, à travers le regard d'un homme, dans une bataille acharnée et admirable.


DiCaprio nous livre ici une de ses plus belles performances dans un rôle de toute beauté. Même si un satané Oscar ne vaut pas grand chose pour nous, il doit valoir son pesant d'or pour un acteur comme lui qui n'en est pas à sa première prouesse, alors je le lui souhaite cette année ^^. Tom Hardy, lui aussi, déchire l'écran en badass à l'accent (OMG) incompréhensible. Tous les acteurs sont parfaitement dirigés (même les français :) ) dans ce cadre dur et sauvage.


La musique de Ryūichi Sakamoto nous guide merveilleusement à travers les émotions de Glass, tantôt angoissante, tantôt mélancolique (Theme). Mais parfois le silence fait le reste avec pour seuls compagnons le bruit de la nature et le souffle de l'homme.


Voilà donc un film qui m'a fait forte impression et qui m'a donné envie d'y retourner juste pour ressentir encore une fois sa force.

Lilange
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le 13 janv. 2016

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Lilange

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