Doggy style
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J’étais complètement passé à côté de The rover, mais en même temps, c’est normal avec une affiche aussi oubliable, qui ne présente que les visages des deux acteurs principaux et un slogan on ne peut plus cliché ("craignez l’homme qui n’a plus rien à perdre", on croirait avoir déjà lu ça des centaines de fois), et n’indique aucunement de quoi il en retourne dans ce film.
Ce n’est qu’avant-hier, à une soirée à thème post-apo, qu’on m’a appris que l’univers de The rover se situait quelque part entre Mad Max 1 et 2. Les bons films dans ce genre là se font rares, alors ça m’intriguait.
Un vagabond sans nom, peu loquace, se fait voler sa voiture par des bandits. Il tient absolument à la récupérer, on ne sait pourquoi, mais il se raccroche à ce seul but, tout simple, pendant tout le film, comme un animal qui ne répondrait qu’à son instinct. Un personnage principal sauvage, pas attachant, au contraire même, car ça n’est pas un être moral, il n’agit que de sorte à répondre à ses besoins.
Mais à vouloir en faire un être froid, qui tue sans hésiter et sans distinguer le bien du mal, ça pose problème quand les scénaristes cherchent à l’humaniser en le faisant parler… du prix à payer quand on prend une vie !
On croit difficilement aussi à la tournure que prend sa relation avec celui qui l’accompagne dans son périple, encore une fois simplement par nécessité : le frère à moitié demeuré d’un des criminels, incarné par un Robert Pattinson assez surprenant. Et alors que les deux anti-héros s’associent au début malgré eux, ils en viennent à s’entraider, sans qu’aucun d’eux n’ait de raison de le faire, le film se gardant bien d’établir un quelconque attachement entre eux, puisque les rapports restent très froids et distants.
Il aurait mieux valu que les scénaristes s’en tiennent à la caractérisation initiale du héros, sans compromis, sans histoire de rédemption à laquelle on ne peut croire.
The rover se déroule "10 years after the collapse", et on n’a pas plus d’indications que ça que le contexte. Ce n’est pas plus mal. C’est un futur indéterminé mais qu’on peut sentir proche, puisque la technologie et les habits sont ceux de maintenant, les looks n’ont pas dégénéré à un état tribal, c’est plutôt comme si le temps s’était figé à notre époque et que tout s’était lentement détérioré depuis, s’étant couvert de crasse et de poussière.
Ca paraît proche aussi parce qu’on se dit qu’il ne faudrait pas grand chose pour que notre monde bascule vers celui de ce film. Les gens cohabitent mais en se méfiant les uns des autres, dont ils se protègent en étant armés, et le crime est bien plus répandu ; un lien de cause à effet sûrement ?
Et comme pour Mad Max, The rover se déroule dans le bush Australien, un paysage ancré dans notre époque mais qui évoque déjà la désolation.
La photographie véhicule aussi très bien cette atmosphère poussiéreuse et étouffante, et sans avoir recours à un étalonnage dégueu.
Il y a un aspect organique, poisseux, avec le sang et la sueur qui collent à la peau, et les moucherons qui virevoltent sans arrêt autour des personnages.
Ca participe à créer une ambiance malaisante, car bien que le film soit assez contemplatif, on ne peut dire qu’il soit calme, il y a toujours une tension latente.
En revanche, The rover finit par abuser un peu de cette lenteur forcée ; ça ne se montre jamais vraiment énergique, or ça manque de punch lors des moments qui devraient être plus agités. Je pense surtout à la poursuite du début, qui manque de tension.
Il y a pas mal d’éléments décevants dans The rover, notamment la fin (tout ça pour ça), mais il y a une ambiance très réussie, que j’aurais aimé pouvoir trouver dans plus de films pré/post-apocalyptiques.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films post-apocalyptiques
Créée
le 24 juil. 2016
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