Na Hong-Jin fait désormais partie de ce qu'on pourrait appeler le triumvirat coréen, montrant aux yeux de tous la vitalité cinématographique de ce Dragon, plus souvent loué pour sa réussite économique que sa maîtrise des Arts. A tort.
Na Hong-Jin rejoint donc sans peine avec ce The Strangers - Gokseong en VO (nom d'une province) les fers de lance que sont Park Chan-wook et Bong Joon-ho, dans la promotion d'un cinéma sauvage, sans fioritures, souvent violent mais jamais vide de sens.
The Strangers a mis du temps à être enfanté, car après un véritable coup d'éclat comme The Chaser, son second long -The Murderer- jouait la confirmation tout en côtoyant trop souvent la facilité (même structure ou quasiment). Il semblait nécessaire de mûrir la prochaine itération de ce relativement jeune cinéaste: 3 ans d'écriture, presque tout autant de mise en chantier, The Strangers se veut novateur. Novateur pas tant dans son découpage qui fait écho à ses précédentes réalisations, mais dans son mélange des genres.
Alors que le film commence comme la plupart des films coréens ayant percé à l'international (il se trouve que la grande majorité sont des thrillers/polars avec une identité qu'on pourrait qualifier de commune), la trame prend un virage serré vers de nouveaux horizons: du fantastique, de l'ésotérique, un peu de récit des origines, un soupçon de pandémie et surtout beaucoup de critique de la Modernité. Tout cela fait qu'il est particulièrement difficile d'essayer de le classer dans une catégorie, ça ressemble à l'Exorciste en son temps dans sa manière de traiter l'épouvante mais ça pioche allègrement chez Carpenter aussi (Prince of Darkness/Mouth of Madness), tout en étant last but not least un formidable policier crado et tortueux lorgnant tant du côté du cinéma de Fincher que de Lynch.
Il demeure que ce machin protéiforme nous happe, nous fait crisser des dents et comme tous les excellents films coréens sortis ces dernières années, nous surprend, met à mal nos schémas de pensées pré-conçus. C'est parfois too-much dans la représentation des rites, parfois l'humour noir ne fait pas mouche, parfois on ne comprend pas vraiment ce qui se passe (* cf bout de post) et à la manière de The Murderer (et de I Saw the Devil dont il reprend une des figures) le film peine à clore son intrigue... Mais l'ensemble embrasse à tel point les hautes sphères pour secouer le spectateur et parler comme peu on réussit à le faire, de l'au-delà, qu'on lui pardonne ses incartades.
la première confrontation avec le Japonais, l'attaque du zombie..