Et pour ce soir :


The Strangers, 2016, de Na Hong-Jin, avec Kwak Do-Won dans le rôle Jong-Hoo, le flic maladroit.


Synopsis démoniaque : Le petit village de Gok-Seong se réveille avec un terrible double meurtre. Puis un autre. Et encore un autre. Et rapidement, des soupçons, étayés par des rumeurs d'un habitant oriente vers un ermite, un japonais qui vit seul, en haut de la vallée. Des rumeurs que va confirmer une femme sans nom, toute de blanche vétue, à Jong-Hoo, flic maladroit et bedonnant, plutôt froussard, avant qu'il ne soit attaqué par un homme au visage noir et au yeux rouge. Il se réveille et se rend compte que c'est un cauchemar, mais le doute persiste. Partant avec son collègue et son neveu, diacre et parlant le japaonais, il se dirige vers la maison de l'ermite et, se passant d'un mandat de perquisition (Au passage, en France, ça n'a aucune valeur, c'est une commission rogatoire qui donne accès à la police de faire une fouille, mais passons) entrent dans le lieu privé. Son collègue tombe sur des photos des gens qui ont été tués et Jong-Hoo y découvre une sorte de lieu de culte à la limite du satanique. Le japonais arrive à ce moment et, sans un mot, les laisse partir. Le collègue de Jong-Hoo est particulièrement peu loquace, comme choqué, apathique... Et lui montre une chaussure avec un nom écrit dessus. Celui de la fille de Jong-Hoo... Et à partir de là, un étrange basculement va se faire. Parce que des questions vont se poser : Qui est ce japonais ? Pourquoi ces rites ? Et surtout, n'y a t-il rien de surnaturel ? Quelle était cette femme en blanc ?


C'est vraiment difficile de parler de The Strangers. A vrai dire, je me demande encore ce que j'ai vu. Je m'attendais à un polar assez âpre et violent, à la coréenne donc et tout indique cela : Un double meurtre violent en ouverture, un village sous la pluie, une police qui patine. Et puis progressivement, un glissement de genre se produit, entrecoupé de petites phases d'humour, notamment via Jong-Hoo, flic maladroit, peu apprécié par ses supérieurs qui le traitent de couille de souris. Et l'intrigue devient très vite tentaculaire, avec un climax à la fin. Une sorte d'inversion des genres, où le polar calibré, logique, avec un ou des tueurs ainsi que des mobiles et des modi operandi, laisse sa place à une dose de paranormal, de religieux.


Du coup, je me suis retrouvé de nombreuses fois perdues, notamment dans le dernier tiers du film, à ma demander où le film allait et ce qu'il fallait que je comprenne. Tout un jeu de faux semblant se crée, notamment sur les personnages. Qui est responsable de cela ? Qui est vraiment le japonais et la femme en blanc ? C'est d'autant plus destabilisant que le finale ne donne pas de réponse et brouille d'avantage les pistes sur le personnage notamment du chamane.


Pourtant, malgré les nombreuses questions que le film laisse en suspens, j'ai vraiment apprécié les 2h35 du film. Si la fin semblent s'allonger, je me suis fait la remarque vers le début du dernier tiers que j'avais l'impression que le film durait depuis longtemps mais que je m'ennuyais pas pour autant. La photo est sublime, jeu de lumière, plan du ciel, acteurs, tout est au top au niveau de l'image. Et d'un point de vue plus du découlement de l'histoire, le glissement entre le polar et l'horreur fantastique se fait tout en douceur, en laissant une marge de doute pour le spectateur. L'attachement aux personnages est finalement crée par l’apparition des enjeux à force que le film avance et ce côté jeu de dupe où l'ont doute de tous les personnages extérieurs devient vraiment grisant.


D'ailleurs, le titre original est Gok-Seong, du nom du village où se passe l'action. En français, c'est The Strangers et à l'international, c'est The Wailing. Autant je ne suis pas sûr de comprendre le titre international (Wailing : Gémissement, sanglot), autant le titre français est vraiment intéressant, de par la présence d'un pluriel. Et finalement, il représente à mes yeux le plus efficacement la perte de certitude que l'ont a envers les personnages extérieurs à ce villages, les "Strangers". Pour tout dire, après avoir vu le film, je me suis senti obligé de chercher une explication sur la fin et étrangement, je me suis rendu compte que j'avais compris la même chose mais que je n'avais pas pour autant plus aucune question. Et c'est peut-être bien la force du film, laisser autant de question et de doute. Donc oui, un film solide, surprenant pour la direction qu'il prend et vraiment efficace pour peu qu'on accepte d'entrer dans cet univers.

Tony_Gendron
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le 4 juil. 2017

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Tony Gendron

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