Un meurtre vaut mieux que deux tu miauleras

Avant toute chose, je remercie Marjane Satrapi de créer des univers. Persepolis, Poulet aux Prunes, The Voices, ça a quand même une sacrée tronche et c'est à souligner.


The Voices est un énorme délire absolument barré. Je ne m'attendais pas à ça, j'ai été surpris positivement sur la qualité globale du film, qui a très peu de partis pris -il ne fallait pas en avoir ou il ne s'agissait plus d'une comédie potache, mais qui au final tient totalement le spectateur en haleine. Le générique est jouissif, j'ai été cueilli comme un bleu. J'ai aimé Reynolds, surtout la façon qu'il a d'incarner le propos du film, cet espèce de psychopathe un coup blanc un coup noir, il nous horripile, nous terrifie, nous fait rire et nous émeut malgré les pires atrocités ; c'est une vraie performance d'acteur. Même si, et là je vais me faire défoncer les doigts à coup de pare-choc de Kangoo, j'aurais aimé voir un Adam Sandler sous la coupe de Paul Thomas Anderson, avec un scénario similaire, pour voir un délire génialement mis en scène à la virgule près.


Le truc, avec The Voices, c'est que je suis incapable de passer à côté de détails qui pourraient être des micro-événements pour quelqu'un d'autre, mais qui ne le sont pas pour moi. Les personnages tout d'abord. Mis à part le personnage central (dont les aspirations et déboires psychologiques sont quand même ultra basiques, mais on va mettre ça sur le compte de la farce), tous les autres protagonistes sont inexistants, inintéressants. C'est grave, à ce niveau-là. Je veux bien mettre ces clichés ambulants sur le compte de la supercherie horrifique encore une fois, mais ça commence à faire beaucoup. Le principal souci, c'est qu'elles ne sont pas drôles, et qu'elles sont juste des potiches à la Scary Movie. Oui, à la Scary Movie, même pas à la Scream, alors que le film se revendique, surtout à la fin, d'une certaine utilité sociologique.


Les dialogues sont drôles, un peu ampoulés parfois, j'ai eu du mal à me faire au personnage du chat, les mauvais caractères personnifiés par des animaux à la Ted, ça va trente secondes, ça lasse rapidement. Finalement, le tout est plaisant à suivre, quelques fulgurances, rien de plus, rien de moins. J'ai énormément de mal à voir ou à qualifier cette comédie par une autre définition, plus complexe, qui se baserait sur la schizophrénie et l'explication de la source des maux, le meurtre, le film étant bien trop basique pour moi, d'un cynisme gentillet et pas du tout subversif pour un sou. Je ne souhaite pas voir de la profondeur là où, pour moi, il n'y a que des prétextes.


Un bon moment cela dit.

EvyNadler

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6

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