Il y a quelque chose de pourri au royaume d'Asgard...

Banni du monde des dieux pour avoir tenu tête à son père Odin (Anthony Hopkins, mais que diable allait-il faire dans cette galère ?) et failli déclencher une guerre, Thor (Chris Hemsworth) arrive sur terre, privé de tous ses pouvoirs et de son marteau superpuissant. Là, il fait la connaissance d’une belle terrienne, Jane Foster (Natalie Portman), qui… et bien, qui ne sert à rien dans l’intrigue, en fait. De toute façon, Thor va devoir résister à ses charmes, car là-haut dans le ciel, dans son monde plus précisément, son frère Loki (Tom Hiddleston) a trahi son peuple en ouvrant la voie de son pays aux géants de glaces, ennemis jurés des dieux…

Ouf, j'ai réussi à éviter de mettre un jeu de mots foireux sur Thor en titre !!! Très fier de moi, c'était pas évident. Oui, bon... Bien. Avant toute chose, un petit avis : le petit Kenneth Branagh a perdu son niveau à bulles, il est prêt à donner une sucette à celui qui le lui rendra... Ou alors, il faudrait songer à lui en offrir un pour son prochain anniversaire, parce que sa caméra ne tient jamais droite ! En guise de mise en scène, il nous assomme d’une prolifération de plans inclinés, qui finissent par nous faire croire que l’écran a été mal installé… Dommage, parce que certaines images (mais, soyons honnêtes, assez peu) montrent qu’il y a une certaine recherche esthétique derrière tout ça, mais bon, une recherche sans but ne peut, par définition, qu’être vaine. Le style est très grandiloquent, et tout disparaît sous un déluge d’effets spéciaux, se résumant à des éclairs et autres rayons lumineux éblouissants un peu partout. Renforcée par un léger humour sans grande saveur (j'ai souri 2 ou 3 fois pendant le film), l’ineptie du scénario est effrayante : Loki est une girouette qui a l'air de changer de parti comme de chemise et Jane remplit plus ou moins bien son rôle de pot de fleur, à l’image de presque tous les terriens du film.
Tout cela est d’autant plus décevant que le début du film, et notamment les premières images du monde mythologique nous donnent plutôt envie de rentrer dans l’ambiance. Ici, tout est fait pour empêcher le spectateur de suivre le film. C’est d’ailleurs souvent très amusant d’essayer de deviner d’après le ton de la musique ce qu’une scène était censée nous faire ressentir. Par exemple, cette scène où on a bien rigolé était sans doute censée être émouvante, si l’on en croit les violons pathétiques et solennels, et cette scène où on a baillé une dizaine de fois devait être une scène prévue pour être épique, à en juger par les cuivres héroïques…
Mais un des plus gros reproches qu’on puisse sans doute adresser au film est d’avoir donné à Anthony Hopkins, acteur au regard très intense, et au jeu d’habitude impeccable, le rôle d’un dieu borgne. Lui ôter un œil, c’est diminuer de moitié l’intensité de son regard, et donc de son jeu. De toute façon, son rôle se borne à dormir pendant plus de la moitié du film (on n’a pas bien compris pourquoi, d’ailleurs… ou plutôt, on le comprend un peu trop bien !), à l’image du spectateur qui s’est rendu compte trop tard qu’on l’avait arnaqué. Enfin, on aimerait savoir où Kenneth Branagh est allé chercher Chris Hemsworth, sorte de grosse brute qui ne sait pas sourire, ne sait pas pleurer, ne sait pas réfléchir… bref, ne sait pas jouer. La seule chose qui a pu jouer en sa faveur sont ses pectoraux et ses biceps surdéveloppés, qui ne le rendent malheureusement pas meilleur acteur. Pendant une bonne partie du film, on se dit qu’il a raté sa chance, et aurait mieux fait de passer une audition pour incarner Hulk : il en a le charisme et le physique, ne lui manque que la couleur verte. Mais bon, visiblement, Chris Hemsworth est sorti vivant du tournage. La preuve, s’il en était besoin, que le ridicule ne tue pas…