Je vois enfin le très récompensé film d'Abderrahmane Sissako - j'avais grand hâte de me faire un avis, compte tenu de la pluie de lauriers qui s'est abattue sur cette oeuvre.
Je dois reconnaître que, malgré quelques longueurs, langueurs, lenteurs, je comprends ce qui a présidé à l'enthousiasme international : ce film est une forme de documentaire qui signe un véritable geste politique, d'un courage qu'il est difficile de mesurer. Il aura fallu de l'audace au réalisateur pour aller tourner en Mauritanie cette terrible histoire inspirée du réel, de l'engagement pour dire et montrer ce qu'est véritablement l'application de la charia par un groupe de djihadistes sanguinaires.
Ces derniers ne sont ni plus ni moins que des brutes épaisses qui ne connaissent que la force pour justifier la bêtise aveugle et arbitraire de leurs théories fumeuses, soit-disant dictées par le Prophète.
Mais quel Prophète enterre des hommes dans le sable pour lapider leurs têtes ? Fouette les femmes coupables d'avoir chanté ? Utilise la force pour contraindre une union ? Sépare un père de sa fille ? Tue un mari sous les yeux de sa femme ? Ces psychopathes, tristement actuels, ne peuvent que nous effarer, nous effrayer, nous indigner.
Face à tant d'irrémédiable noirceur, il reste ces images poétiques, ces plans contemplatifs, ces minutes méditatives où l'esprit, la lumière, se fraient un chemin...Et enfin, cette scène de clôture, à couper le souffle, qui autorise un certain espoir.
Un film très beau, et surtout : nécessaire.
A garder en mémoire : la scène de fouet où la femme se met à chanter, la séquence de "air football" dans le sable, et cette petite fille qui court, qui court....