Deuxième film de Ducournau après Grave que j'avais encore plus détesté au revisionnage, pompeux, une écriture poussive qui cassait la relation entre les personnages et un sensation de vide et d'esbrouffe sur les thèmes abordés. Malgré ça Titane m'intriguait, la bande annonce me montrait un film plus viscéral, enfin elle s'assumait dans son genre ! On va y revenir...


Car oui je n'ai pas aimé Titane, un peu moins que Grave cela dit mais j'y retrouve encore tout ce qui m'a déplu à quelques détails et nuances près.
On suit Alexia, jeune femme sociopathique responsable d'une série de meurtre, qui va au cours du film vivre avec Vincent, pompier cinquantenaire prenant des stéroïdes pour rester au niveau physique, qui a perdu son fils depuis 10 ans.


On pourrait diviser le film en deux parties, celle avant Vincent et celle après. Et honnêtement la première partie est catastrophique... Avec un plan séquence juste moche, aucun jeu sur la profondeur de champs, sur le mouvement. C'est là parce que c'est cool d'en faire un. Des scènes de meurtres pitoyables. La première dans la voiture qui a une direction d'acteur catastrophique ou bien celle dans la maison qui se veut comique... je crois. Mais qui n'a aucun tempo, aucun rythme, ça n'est ni drôle et du coup vu la situation ça n'est pas puissant ou terrifiant. Et puis la scène fantastique qui est un peu le point névralgique du film, qui sort de nulle part, elle arrive elle repart, on fait d'accord puis on reverra les conséquences de cette scène plus tard sur la toute fin. Soit.
Si je devais résumer l'intérêt de ses 50 MINUTES c'est dire : "elle a pa démossion, elle né pa umène". Il reste un point positif qui sort de ça c'est Bertrand Bonello qui joue le père de Alexia qui doit avoir 3 mots de dialogues et qui est tout simplement excellent dans son rôle de père n'aimant pas sa fille (dont on ne sait pas si c'est la cause ou la conséquence de la psychopathie de sa fille).


Ensuite arrive la deuxième partie chez les pompiers. Qui a là encore son lot de scènes ridicules, forcées, tout simplement bête (je pense au personnage du jeune pompier, de la scène de dance du personnage vers la fin ou bien les discutions à table entre Vincent et Alexia). Sauf que, un détail compense pas mal de défauts du film et fait que je le considère un peu meilleur que Grave, la relation entre Vincent et Alexia. Dans Grave que ce soit par les dialogues ou le jeu des acteurs je trouvais qu'aucune relations ne fonctionnaient, aucune complicité, aucune véracité dans leurs échanges, rien. Et là, non pas dans des phrases fémisiennes et insupportables, mais juste dans des regards, des tournages de dos, des sourires, des moments où il y a un lâcher prises la complicité entre les deux marche totalement. Je me suis même retrouvé assez ému dans cette scène où pour la première nous voyons Alexia sourire, je n'ai d'autres détails à donner que la sincérité qui se dégage entre les deux acteurs juste par des gestes.


Sur la mise en scène c'est plus compliqué. J'y retrouve très souvent ce qui m'avait gêné dans Grave, à savoir des choix de cadres et de placements de lumière visible, où l'on voit que quelqu'un l'a placé là, mais ne donne n'y une image belle (ou laide) ni une sensation d'irréel pour trouver ceci intéressant. Je prend deux exemples de Grave, la lumière rouge qui bave sur les gens avant la tombé de sang. Qui est tellement fine qu'elle ne fait pas grand chose mais on l'a voit suffisamment pour ce dire que c'est pas naturel. Et le rayon de lumière qui traverse le cul bien blanc de la sœur de Justine quand elles pissent debout, ni beau, ni laid, ni irréel mais visible. Donc qui casse le réalisme et te sors du film. Bref ça fait cinéma, et pas dans le bon sens du terme. On a aussi très souvent ça, une lumière qui éclaire une piscine qui n'est pas réaliste, des choix de placements de lumières dans la casernes, la scène maintenant connu de Vincent Lindon en rose devant trois miroirs. A part pouffer légèrement de rire ou avoir les yeux au ciel tellement ça fait faux je vois pas comment réagir devant ça.
Par contre, et là c'est une première, les plans qu'elle fait sur le feu sont sublimes. Dans la maison quand le feu lèche le toit, dans la forêt, même dans l'exercice je dois dire avoir trouver cela totalement sublime. Sincèrement, la lumière qui est crée, l'enveloppement que ça fait. S'en ai presque magique.


Mais au delà de tout ça, qui est déjà un sacré paquet de défauts et de quelques qualités, le vrai problème de Ducournau c'est de n'avoir rien du génie de Cronenberg. Ce qui fait le génie de Cronenberg c'est d'être à la fois extrêmement intellectuel et parfaitement viscéral. Et les deux ne sont pas distincts, ils se mélangent, coexistent dans une même scène. Dans Grave il n'y avait ni l'un ni l'autre, là c'est un peu plus fin que ça. Sur le côté intellectuelle désolé on repassera, oui on voit comme Grave une évolution du personnage principale. Qui devient de plus en plus humain au contact de Lindon et... d'autre chose. Mais qui a un corps qui se déshumanise de plus en plus. Et sur les thèmes du genre... sérieusement le film dit quoi ? C'est pas bien les stéréotypes ? Ni pour les femmes ni pour les hommes ? D'accord, et ? Je demande sincèrement ce qu'il dit, moi ça ne me dérange pas qu'un film n'explicite pas ces thèmes. Qu'ils soient comme une toile de fond diffuse dans le film. Ca me plais même, mais on a l'impression qu'elle veut dire quelque chose de très intellectuelle, de très intelligent alors qu'elle dit rien !
Maintenant sur le côté viscéral... oui le film fait mal. Oui les scènes on va dire cru, sur le corps et ses mutualisation font grincer des dents c'est sûr. Du tirage de piercing de tétons, des épingles dans les oreilles, des nez cassés, des ventres écrasés sous du sparadraps, des bâtons dans la quiquine. Effectivement je vais pas mentir j'ai un peu regarder ailleurs par instant... mais tout ça pour quoi ? Je vais encore revenir à Cronenberg mais ses scènes dérangeantes, qui faisaient grincer sur le corps, elles avaient un sens, elles n'étaient pas gratuites. La main dans l'estomac de Videodrome on va pas dire que c'est un moment plaisant mais il y a un sens, là ça ne sert à rien. Quand on disait d'aller plus loin dans Grave, il y avait aussi avec une cohérence avec tout le reste du film. Là les scènes "réflexives", émouvantes ou coup de poings semblent disjointes. Elles ne collent pas, il n'y a aucune homogénéité. Ce qui renforce encore plus le côté artificielle et faux du film. Et donc au final les moments plus fantastique, qui tombe comme un cheveux dans la soupe, ne marche pas car elle ne créer aucune cohérence entre l'irréalisme, le réalisme, le doux et le violent du film. Alors que c'est possible !


On parle de film transgenre, non c'est un film bâtard, qui ne sait pas quoi faire, quoi choisir ou quoi être. Et quitte à avoir plusieurs visages, fait en sorte que le tout ce tienne. Là on a l'impression d'avoir une tête pleine de pus avec un visage beau qui réhausse le tout.
Honnêtement je ne comprend pas la palme d'or, je ne le comprend même pas idéologiquement car on voit que le film est progressiste mais il ne dit rien, il ne fait rien. Et quand on voit les énormes défauts scénaristiques qu'il met en œuvre je ne comprend pas.
Et pourtant j'irais voir ses prochains films, car même si ses défauts semble inscrit profondément en elle et dans sa manière faire. Que ce soit scénaristique ou dans son rapport à l'images. Je reste intrigué, car ses qualités qui surgissent du film me disent que peut-être il y ai une chance qu'un jour l'un de ses films ou au moins une partie, une scène, un moment me plaisent entièrement. J'espère... en attendant c'est bien de la merde.

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le 17 juil. 2021

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