Sans spoilers
Si la maîtrise de la forme et la performance des acteurs permet une expérience, tantôt viscérale, tantôt jubilatoire, cette prouesse formelle n'a pas réussi à éclipser dans mon esprit la vanité quasi totale du fond. En effet, si une tentative de véritable propos point à plusieurs reprises le bout de son nez pendant le film, ce dernier trébuche, cafouille, pour finalement rester assez confus, bloqué sur le pas de la porte de ce qui aurait pu donner un très bon film.
On aboutit ainsi à une expérience qui prend aux tripes sans marquer l'esprit, une œuvre assez immature qui me fait penser à des ébats macabres d'un sale gosse un peu dérangé, qui capahute, prenant plaisir à faire et défaire des châteaux de sable, à regarder et écraser des insectes dans le seul but de construire et de détruire en vain, de façon complètement gratuite.
C'est pourquoi Titane, film hybride, se révèle un alliage cinématographique finalement assez fragile, dont la forme solide ne l'empêche pas de s'effondrer dans la tentative balbutiante de construire un fond digne d'intérêt. Néanmoins, par cette tentative, Titane est aussi une réalisation prometteuse, annonciatrice de meilleurs films à venir d'une réalisatrice ayant de beaux jours devant elle, probablement pour le meilleur du cinéma français. Julia Ducournau démontre qu'elle est un metteur en scène à suivre.