Après Covenant, Ridley Scott nous livre un film policier sur le papier très prometteur.


Petit hic, l'un des acteurs principaux est sous le feu des projecteurs, et pas pour de bonnes raisons. Qu'à cela ne tienne, il sera remplacé au pied levé par Christopher Plummer. Les reshoots durent pas plus de dix jours, et le film sera délivré seulement un mois après la date initialement prévue. Pour ce remodelage substantiel du film, il faudra ajouter 10M$ de budget aux 40M$ initiaux. Un budget relativement léger comparé aux dernières productions de Sir Scott.


"Mais que viennent faire les informations de ce paragraphe dans la qualité du film ?" vous direz-vous. Eh beh tout en réalité. Le résultat final d'un film dépend d'une très longue chaine de production, allant depuis le développement de l'idée jusqu'à la distribution de la copie du film aux salles de projection. Alors quand un élément extérieur à cette qualité-même vient l'impacter en forçant un recast, des reshoots et un remontage, difficile de ne pas fermer les yeux. C'est parfois fascinant, la production. J'aime me le rappeler et pourquoi pas en parler comme ici.


Mais le film dans tout ça ? Eh bien ma foi c'était plutôt bien.


L'intrigue, bien qu'un peu mal gérée par moments et alourdie d'une course poursuite finale dont on aurait largement pu se passer et qui empeste plus que le reste l'ajout pour des raisons "dramatiques", est portée par une distribution qui joue sa partition sans grands défauts et la réalisation sobrement efficace de Scott.


On sent tout de même par moments les reshoots, sans que ça gène pour autant dans le suivi du récit, loin s'en faut, mais les yeux les plus attentifs dénoteront tout de même certaines disparités dans le choix et la composition des plans dès lors que John Getty est à l'écran.


Toujours est-il le changement a été bienvenu : Plummer a la tête du perso, a contrario de Spacey qui était grimé de la pire des façons. Il en a la carrure et il en a la prestance, son ombre est persistante et c'est grâce à la gravité de Plummer. J'ose croire que le résultat aurait été amplement moins convaincant avec l'acteur initial.


J'ai pas non plus été transcendé, par moments c'était un peu long, j'ai eu du mal avec le jeu un peu trop appuyé de Michelle Williams (ou le perso qu'elle interprète, au choix.) et en particulier celui de Romain Duris, et tout le dernier tiers m'a paru inutilement étendu pour dépasser les 2h de runtime alors que ça aurait pu être plus concis.
Ou bien la gestion du rythme aurait pu être meilleure, en donnant vraiment l'impression que les mois se sont écoulés comme des années (le gamin a été maintenu en otage pendant 6 mois mine de rien) tout en restant incisif sur la façon de les raconter, ce qui ne fut, selon moi, pas le cas.


Ça reste en deçà de The Martian qui demeure mon Ridley Scott préféré de ces 10 dernières années, mais c'est bien au-dessus ce que je pense de Covenant.


Immersif, prenant et servi par un casting globalement efficace, c'est un film qui fait bien son taff.

Chernobill
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le 16 août 2021

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Chernobill

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