Pixar #03 De la suite dans les idées !

Alors qu'il restera pendant longtemps l'unique suite d'un studio aux 1001 idées, Toy Story 2 apparaît donc à plus d'un titre comme une heureuse anomalie dans la filmographie de Pixar. Une fois n'est pas coutume, la production du film ne fut pas de tout repos, elle fut même sacrément compliquée. A la base cette suite était développée directement pour le marché de la vidéo par une équipe secondaire de chez Pixar, avec à sa tête Ash Brannon, cependant Disney, estimant le scénario trop bon pour ce marché, décida de le sortir au cinéma. Le problème c'est la crise créative que subit Pixar pour ce film, le premier projet du studio non supervisé par John Lasseter, le produit est jugé assez bon pour être distribué tel quel par Disney, mais pas par Pixar, qui trouve le film mauvais. John Lasseter, la tête pensante du studio, est alors appelé à la rescousse. Il reste alors neuf mois avant la date de sortie, beaucoup de scènes sont déjà animées, mais la seule solution pour réalisé un meilleur film est de retravailler le script de fond en comble. Lasseter fait notamment appel à Lee Unkrich pour co-réaliser le film, ainsi qu'à ses plus fidèles collaborateurs, Andrew Stanton, Pete Docter et Joe Ranft, afin de l'aider à retravailler le script, ce qui prendra seulement un long week-end de travail à réussir. Et en autant de temps qu'il n'en faut pour donner naissance à un être humain, Pixar a accouché d'un de ses plus beaux bébés.

Le principal point fort de cette suite est qu'elle explore directement la psychologie des personnages, la peur de l'abandon, accorder sa confiance à quelqu'un, ou encore quel doit être le rôle d'un jouet ne sont que quelques uns des enjeux explorés. Contrairement à sa production précédente, 1001 Pattes, Pixar n'utilise pas un univers coloré et original pour mettre en évidence une critique de l'espèce humaine, non le film explore la psychologie de putains de jouets avec leurs problèmes de jouets, et merde que c'est incroyablement frais et intelligent ! Cet exploration de la psychologie des jouets ira jusqu'à nous offrir une des scènes les plus tristes que j'ai pu voir, celle où Jessie, version féminine de Woody, est abandonnée.

En bonne suite qu'il est, Toy Story 2 ne s'appuie pas sur ses acquis et décide d'aller beaucoup plus loin. Les progrès techniques de Pixar sont impressionnants à suivre film après film, le ton est d'ailleurs donné dès la scène d'ouverture qui n'a franchement rien à envie à bon nombre de production actuelles. Le film va aussi reprendre ce qui avait fait le succès de Toy Story, mais en jouant avec de façon à ce que ce deuxième volet ne soit pas redondant. Cela passe par exemple par un inversement des rôles entre Woody et Buzz. Déjà ils commencent le film bien établis en tant que meilleurs amis, mais surtout c'est à Buzz que va incomber le charge de ramener Woody à la raison. Et qui dit suite dit généralement surenchère, Toy Story 2 n'échappe pas à cette règle quasi implicite mais arrive à rester suffisamment modéré pour que le résultat soit parfaitement regardable (coucou Cars 2, mais je n'en suis pas encore à critiquer ce film). Les personnages secondaires sont plus présents, notamment Rex qui se révèle encore plus que dans le premier, les nouveaux personnages, en particulier Jessie, sont très attachants. L'humour est lui aussi plus présent, tout comme les références cinématographiques, certaines plus subtiles que d'autres, par exemple la scène où Rex essaie de rattraper la voiture, totalement reprise sur Jurassic Park, est du pur génie., ou encore les nombreuses références à Star Wars.

Au final Toy Story 2, malgré une production chaotique, et bien qu'il ne bénéficie pas de l'aspect révolutionnaire du premier, réalise l'exploit de lui être supérieur dans quasiment tous les domaines, humour, émotions, personnages, animation, action. Et bien qu'elle soit aujourd'hui regardée de haut par un bon nombre de personnes, pour moi il ne fait aucun doute que Toy Story 2 est l'une des meilleures créations des studios Pixar.