Toy Story 3
7.5
Toy Story 3

Long-métrage d'animation de Lee Unkrich (2010)

Avant de donner mon avis sur Toy Story 3, il faut que je remette les choses en perspectives. Dans les trilogies filmiques geeks les plus célèbres, il y a toujours un canard boiteux ou des polémiques sur tel ou tel opus (Les ewoks dans Le Retour du Jedi, Le parrain 3, Indiana Jones et le Temple maudit, le fait qu'une partie de Retour vers le Futur 2 singe beaucoup le premier film, etc...)


Or, Toy Story est pour moi, l'une des trilogies qui n'est pas loin de la perfection : aucun des films n'est une répétition de l'autre même si le tout est basé sur plusieurs ressorts souvent identiques : les blagues sur les jouets et leurs caractéristiques, le monde gigantesque vue par des petits personnages qui ne doivent pas se faire gauler et le monde des humains vus par leurs jouets.) La saga a trouvé de quoi se renouveler à chaque film : le premier était une remise au goût du jour d'une nouvelle d'Enid Blyton où un ancien jouet est jaloux du nouveau venu, le second abordait le culte autour des jouets et la collectionnite et le troisième parle de la nostalgie et de la valeur sentimentale que l'on met dans les jouets.


Bon après, j'étais encore adolescent lorsque le premier est sorti, j'ai vu le second lors d'un voyage avec mon lycée en Angleterre et j'ai vu le troisième parce que mes neveux voulait le regarder. J'étais pile le coeur de cible. J'étais d'ailleurs tellement étonné que ma copine, grande fan de Disney, ne l'ai pas vu, que j'ai sauté l'occasion pour lui montrer. (D'où ma critique.)



Pourquoi ce 3 est un final parfait.



Symboliquement Toy Story 1 était l'enfance (Woody se comportant face à Buzz comme un jeune enfant jaloux du petit frère chouchouté par les parents) le 2 est le passage à l'age adulte (Woody apprend ses origines tandis qu'un des Buzz en profite pour symboliquement tuer le mythe du père) alors le 3 est carrément la retraite et la mort. Après, la disparition de nombreux de leurs camarades, les jouets sont face à l'angoisse d'être jetés et de finir leur vie brutalement.


Si les deux premiers films nous expliquaient finalement l'idée "merveilleuse" que les jouets peuvent prendre vie, dans le dernier film ce concept est détourné avec une certaine angoisse que des objets qu'on pense inanimé puisse être conscient du traitement qu'on les inflige... y compris quand on pense bien faire. Je suis toujours sur le cul des tonnes de trouvailles créatives que la franchise est capable de trouver en trois épisodes. Encore une fois, on transforme le quotidien : certains jouets vivent leurs vies comme s'ils étaient des comédiens qui devaient incarner un rôle dès que l'enfant arrive, certains jeux de société sont détournés en jeux de hasard et une garderie pour enfant représente à la fois une maison de retraite et une prison infâme. D'ailleurs une théorie de TvTropes explique que chacun des lieux choisis par Woody et ses amis représente une des croyances sur la vie après la mort.


Ce qui est intéressant c'est que cette thématique sur la mort et la "mise à la retraite" des jouets était déjà annoncé dans le deuxième film, par une réflexion du méchant de l'épisode. Mais en dehors de cette thématique, le film atteint un point d'orgue en ce qui concerne l'aboutissement des personnages : Woody confirme son statut de "chef de la bande" en affrontant un personnage qui a quasiment la même backstory que lui, Jessie est atteinte d'une angoisse d'abandon qu'elle a dans le premier et


la scène dans le vide ordure montre à quel point les personnages ont construit une famille ensemble tout en ayant une solution aussi imprévue qu'hilarante qui se justifie par un renvoi à un gag récurrent du tout premier film.


Bon, après, Buzz n'a pas vraiment d'évolution, voire même une forme de retour en arrière involontaire et tout les personnages ne voient pas un aboutissement, notamment la ribambelle de personnages secondaires (Rex se trouve une copine mais c'est assez anecdotique...)


Ceci dit comme tout les opus de Toy Story, le film regorge d'une très bonne écriture : la structure du film est impeccable, les gags fonctionnent au milimètre, chaque personnage à sa partition, les dialogues sont vraiment bien écrits et il y a ce genre de détails de type "fridge logic" : ces moments de logique non-expliquées dans le film mais qui nous viennent comme une révélation quand on y repense. Tiens, à titre d'exemple, il m'en est venu une.


La haine de Lotso vient du fait qu'il a été remplacé par un jouet identique lorsque Daisy l'a oublié. Or, il arrive souvent que lorsqu'un tente de changer le doudou d'un enfant par un jouet identique, celui-ci s'en aperçoit car l'odeur du jouet n'est plus la même. Or, les Lots'o Hugging Bear sont tous censés sentir la fraise (et ce, pendant très longtemps, vu qu'un des éboueurs trouve qu'il sent encore la même odeur, trente ans après.)


Sans parler de la fin qui est d'autant plus un passage de témoin lorsqu'on sait que


selon les créateurs, Woody était le jouet du père d'Andy, mort prématurément peu de temps avant le premier film. Ce qui explique pourquoi l'ado est prêt à l'emmener avec lui à l'université et rends ENCORE PLUS poignant le fait qu'il le donne à Bonny. Andy complète symboliquement son passage à l'age adulte en se débarrassant de son enfance et en "tuant" le père.


Bref, du point de vue de la thématique, de la progression narrative et du ressenti que l'on a avec les personnages, Toy Story 3 est un final parfait.


ALORS POURQUOI ILS VEULENT FAIRE UN QUATRE ???????

le-mad-dog
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le 18 déc. 2017

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Mad Dog

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