Prétendant à la Caméra d’Or au Festival de Cannes 2016, la sélection du premier long métrage de Michael O’Shea à Un Certain Regard témoigne évidemment d’une proposition de cinéma nouvelle sur le mythe du vampire, pourtant en soi déjà un genre bien épuisé. Premier point, Transfiguration se déroule dans le ghetto new-yorkais où un jeune orphelin vit malgré lui avec sa nature de vampire. Dans cet environnement aux allures de The Wire, Michael O’Shea fait évoluer son personnage à travers les rues incertaines, les cages d’escalier et sa chambre où il passe le plus clair de son temps à étudier la condition des suceurs des sang. Plus loin, il va rencontrer une jeune fille, un peu superficielle et paumée dans ce monde où elle subit les violences de son grand-père et les abus de ses copains. C’est à cet instant précis que le film nous envoie son pathos au visage pour bien faire comprendre que c’est ce contexte qui favorise l’escalade de la violence. Dès lors, ce petit anti-héros victime du climat social dans lequel il vit comprend vite que seul l’amour pourra lui faire prendre conscience de l'absurdité de la violence. Difficile de faire plus moralisateur et caricatural.



Transfiguration ne va pas plus loin que le film hommage, incapable de flirter avec les les classiques du genre.



Il y a bien évidemment quelques bonnes idées dans la relecture du mythe du vampire, à commencer par le comportement froid et désincarné de cet adolescent, le fait qu’il puisse profiter du soleil ou de l’ail et soit insensible à la religion. Quoiqu’un peu suffisant, il est intéressant de voir Michael O’Shea à travers son protagoniste se moquer des nouveaux codes du vampire, loin de la créature agile et brillante que certains films ont pu oser représenter. Ce qui aurait pu faire de Transfiguration un bon film, c'est notamment son approche du vampire à travers le genre du drame social, tout en préservant son caractère indépendant avec une caméra au poing qui lui assure une immersion malsaine au sein de cet environnement dangereux. Mais en s'entêtant à développer une bluette de teen movie, Michael O'Shea se fait maladroit et n'arrive ni à exceller dans le film de vampire, ni le drame social, ni la comédie adolescente. Reste alors un cinéaste amoureux des vampires au point d'en faire des références à outrance. De Twilight à Nosferatu en passant par Morse ou des nanars sans noms, tout y passe. Il est à parier que Michael O’Shea pense avoir révolutionné le genre mais il n’atteint avec cette fable moderne qu’une représentation désincarnée et ennuyeuse de cette créature gothique intemporelle qui ne cesse de fasciner depuis le roman de Bram Stoker. Prétentieux, lourd et impersonnel, Transfiguration ne fera pas date. Dans le genre film de vampire indépendant, on lui préférera davantage A Girl Walks Home Alone at Night de Ana Lily Amirpour.


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le 27 juil. 2017

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Kévin List

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