Jerzy Skolimowski dote Travail au noir de peu d’attributs formels notables. Le cinéaste porte plus volontiers son attention sur la portée d’un scénario original dont il est l’auteur. Au-delà des touches d’humour qu’il comporte, caractéristique peu fréquente dans les scripts écrits par le cinéaste, le récit de Travail au noir se révèle en partie autobiographique.
Il y a d’abord Nowak. Ce personnage interprété par Jeremy Irons est le seul sachant parler anglais dans le groupe de quatre ouvriers polonais venus travaillés en Angleterre. Leur exil à titre professionnel est aussi, dans une certaine mesure et dans un autre domaine d'activité, celui de Skolimowski. Depuis le début des années 1970, l’Angleterre est le pays d’accueil des réalisations du metteur en scène.
Il y a ensuite le regard porté depuis l’Angleterre sur les évènements concomitants en Pologne restitués de façon très parcellaire et avec une grande distanciation. Nowak tente même de les garder secrets vis-à-vis de ses trois collègues. Ces quatre Polonais sont à la fois étrangers en Angleterre et étrangers aux évènements qui secouent leur pays natal. Skolimowski figure ici son propre état d’esprit, celui d’un Polonais qui, sans jamais avoir renié son pays et sa nationalité, ne voit plus dans la Pologne contemporaine le pays qui l’a vu naître.
En cela, Travail au noir se montre très révélateur dès la première scène. Nowak ne cesse en effet de mentir pour servir égoïstement ses intérêts personnels et ceux de ses trois compagnons. Pour mener sa carrière à l'international, il est fort probable que Skolimowski ait eut aussi à composer avec ses convictions.

In_Cine_Veritas
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le 31 mars 2019

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