"Un scandale politique à couper le souffle" clame l'affiche où les visages de Cate Blanchett et Robert Redford surplombent la maison blanche. Cela semble alléchant et je m'en lèche les babines avant de pénétrer dans une salle pratiquement vide. Le plaisir sera de courte durée devant ce film académique, où la vérité ne sera pas vraiment connu.
Nous sommes en 2004, en pleine élection présidentielle avec George W. Bush face à John Kerry. Le premier veut se faire réélire, mais Mary Mapes (Cate Blanchett) productrice de 60 minutes a découvert que celui-ci a bénéficié d'un traitement de faveur durant son service militaire pour ne pas partir au Vietnam. Elle va mettre en place une équipe pour vérifier les informations et trouver des témoins, avec le soutien de son journaliste vedette Dan Rather (Robert Redford).
C'est la première réalisation du scénariste James Vanderbilt, qui se repose sur sa seule vraie réussite Zodiak. On lui doit aussi les navrants Amazing Spider-Man 1 et 2, X-Men origins : Wolverine, le désastreux remake de Total Recall où encore le catastrophique Prémonitions. Cela peut vous classer un homme, à moins qu'il ai commis ses navets pour avoir la chance de se retrouver derrière la caméra et nous surprendre. On va effectivement être surpris, mais pas dans le bon sens. Sa réalisation ne permet jamais au film de décoller et il se repose entièrement sur le talent de Cate Blanchett. C'est bien d'avoir un sujet intéressant et un casting aussi grandiose, mais si c'est pour ne pas savoir quoi en faire, autant laisser sa place à un réalisateur plus ambitieux.
Mary Mapes (Cate Blanchett) va composer son équipe, comme si elle était dans Mission Impossible. Cela donne un peu de rythme et on pense que le film va enfin prendre son envol. C'est juste un léger sursaut, malgré les entrées en jeu de Mike Smith (Topher Grace), Roger Charles (Dennis Quaid) et Lucy Scott (Elisabeth Moss). On pense que comme dans l'excellent Spotlight, cette équipe va se mettre en place et enquêter sur ce scandale. En fait, ils ne font que de la figuration, même si ça joue un peu sur le militaire Roger Charles face au "hippie" Mike Smith. C'est superflu et la pauvre Elisabeth Moss fait office d'objet de décoration. Le film s'articule entièrement sur le personnage interprété par Cate Blanchett et même Robert Redford se voit mis sur le bas côté.
La vraie problématique du film est son sujet. Au cours du récit, on va découvrir différentes preuves accablantes à l'encontre de George W. Bush, mais une seule erreur va tout remettre en cause. On va vite comprendre que le prix à payer est celui de la crédibilité auprès du public, de ses pairs et de la direction. Cette obsession de la vérité et la ténacité de cette femme sont remarquables, mais les faits se déroulant en 2004, il existe encore des zones d'ombre et on reste dubitatif, face aux questions restant sans réponses. On part du principe que l'équipe de 60 minutes détient la vérité. Seulement, il y a un jeu de manipulations et on ne saura pas vraiment qui l'a orchestré et qui détient finalement la vérité. Bien évidemment, je serai ravi de voir George W. Bush cloué au pilori, mais il y a un léger doute sur l'aveuglement de Mary Mapes, prête à tout pour avoir enfin raison, après un échec lors de la première élection de celui-ci en 2001. L'investigation n'a pas vraiment lieu et on va rester sur sa faim.
Le film souffre de la comparaison avec la sortie récente de Spotlight. Il va dans le même sens, mais pas de la même façon. Toute l'attention se porte sur Cate Blanchett et tout le reste passe au second plan. Cette absence de fond est préjudiciable à l'histoire. On peut tout de même être ravi de ce retour aux films des années 70, où les personnages étaient aussi importants que l'histoire, tout en abordant des sujets de fond.