Alors... Est-ce que l'on va reprendre un point abordé sur une (voire même plusieurs à l'heure actuelle) précédente critique et que je risque de souligner à nouveau dans diverses prochaines critiques ?
Allez, je suis joueur !
Il fut encore quelques mois, j'étais un adepte inconditionné du classement d’œuvres de Fantasy dans les fameuses sous-catégories telles que l'Heroic (la Sword and Sorcery - que j'appellerai S&S à partir de maintenant), la Dark, la Light... + ajouter généralement le mot "Fantasy" à la fin de ces catégories. Sauf que depuis la lecture du Dictionnaire de la Fantasy par Anne Besson, je dois dire et confesser que le but des sous-catégories, même si je suis encore très attaché à ce concept, m'a paru beaucoup plus flou qu'à l'accoutumé. Aussi, je remarque que la pertinence d'une sous-catégorie est généralement, et le plus souvent, sujet à discussion car partageant une œuvre avec plusieurs autres sous-catégories. Ne fut donc pas ma grande surprise en apercevant dans les résumés des critiques de ce film d'animation dont je m'apprête bientôt (peut-être) à faire la critique la mention de Dark Fantasy avec laquelle je ne suis pas d'accord mais dont je comprend pourquoi elle apparaît ici. Pour ma part, je pense plus judicieux de classer cette œuvre dans la bonne vieille S&S (ça me sert directement cette abréviation) même si Dark Fantasy peut être compréhensible lorsque l'on sait que le film prend part dans un monde sous la domination d'un sorcier : on y retrouve les éléments principaux de ce sous-genre. Après, comme déclaré précédemment, je ne suis plus aussi carré avec la classification donc on passera rapidement à la critique même !


Tygra, la glace et le feu, un film de S&S donc réalisé par le célèbre Ralph Bakshi, qui nous offrit quelques années auparavant la première (ou du moins l'une des premières) adaptation cinématographique du Seigneur des Anneaux - l’œuvre phare et titan de J.R.R. Tolkien, et épaulé par Frank Frazetta, un nom bien connu (que je confesse ne pas avoir eu vent) dans le domaine de l'illustration. Une œuvre cinématographique lancée sur le chemin déjà tracé par le célébrissime Conan le Barbare qui a le mérite d'être fort agréable et ce, en plusieurs points.


Tout d'abord, résumons : dans un passé qui aurait pu être le nôtre (élément récurrent de la S&S - j'arrête, promis) se confronte deux royaumes, un royaume de glace et de feu. Celui de glace est gouverné par un sorcier maléfique, celui de feu par un homme cherchant à protéger les derniers survivants du règne tyrannique du premier. Au milieu de cette bataille perdue d'avance se tient Larn, seul survivant de sa tribu. Cherchant à échapper aux sbires du sorcier, il découvre Tygra, la fille du chef du royaume du feu et ensemble, tentent d'apporter la paix dans ce monde.
Pas plus de spoil, ça commençait à faire beaucoup...


Pour l'histoire donc.
Alors, si pour l'époque, le scénario était dans sa globalité original, il devient de plus en plus dur d'affirmer cela (mais la mention temporelle nous y aide). Ainsi, l'histoire du héros qui a perdu sa famille et son clan à cause d'un sorcier maléfique, parcourant des horizons dangereux en quête de vengeance est donc, en 1983, une bonne intrigue de S&S. Le point positif et innovant dans cette histoire, mais peut-être superficiel, étant l'introduction des deux royaumes : celui de glace et de feu. Autrement, on demeure sur quelque chose d'assez basique. On retrouve les éléments, les personnages et les archétypes principaux d'une histoire de S&S en ayant néanmoins la bonne surprise d'avoir quelques retournements de situation fort sympathiques.
Le film s'enchaine plutôt bien et nous laisse dans l'action sans trop nous ennuyer, ce qui est à souligner je trouve.


Pour ce qui est des personnages.
Comme déclaré précédemment, nous avons les archétypes du héros et des personnages en général d'un film de S&S. Le héros musclé et beau, la figure féminine... Non, là, il faut en parler je pense ! Je me suis peut-être fourvoyé sur les éléments constitutifs d'un film de cette trempe mais il me semblait que les figures féminines étaient peintes comme des personnages forts à l'image de Valéria dans Conan le Barbare, de Red Sonja dans Kalidor : La Légende du talisman ou, plus récemment, de Amethea dans Barbarian Queen (l'hypersexualisation en moins). Et en parlant de ça, cette fameuse Tygra est mise en valeur quasi uniquement par ses formes - pour dire, une séquence entièrement sexualisée lui est attribuée. Et même si elle se révèle douée au maniement de certaines armes, elle demeure un instrument de libido indirect, ce qui est un peu, voire carrément dommage ! Dans la liste des personnages, on indiquera cet adjuvant qui aide à plusieurs reprises le héros sans qu'il ne soit directement introduit et présenté, ce qui ajoute au cachet que possède déjà ce personnage charismatique au possible, si bien qu'il a le droit à une mention spéciale ! Pour ce qui est des antagonistes, à savoir le sorcier mais également sa mère de même "profession", s'ils remplissent bien l'archétype du méchant de S&S, il faut avouer qu'ils sont bien vides et manquent clairement de charisme.
Outre ses personnages que l'on peut caractériser de principaux, les personnages secondaires se résument à mourir pour les sbires "gentils" et à pousser des cris d'animaux pour les sbires "méchants". Voilà voilà.


Mais ce qui est vraiment intéressant, c'est les graphismes du film. Ce dernier a utilisé les techniques de la rotoscopie, que l'on retrouvait déjà dans Le Seigneur des Anneaux du réalisateur et qui donne ce cachet si spécial au film avec l'impression de fluidité et de dynamisme dans les mouvements. Le film semble bien plus libre qu'un dessin animé réalisé avec les techniques traditionnelles ; le résultat, s'il peut être spécial, est tout simplement incroyable. C'est un immense plus... pour les figures mouvantes. En effet, si le procédé de rotoscopie est extra, il ne faut pas omettre que seuls les personnages en bénéficie et que le décor reste fixe, même si l'on a rajouté des animaux tels que des lézards ou des serpents pour faire vivant : ils ne bougeront pas d'un pouce et ça, ça casse complétement avec les mouvements des personnages qui frisent la perfection.
Autrement, le film n'est pas moche du tout et offre quelques visuels intéressants et remarquables.


Pour ce qui est des musiques, elles sont entrainantes pour la plupart mais ne demeure pas très longtemps en tête.


Tygra, la glace et le feu est l'un de ces rares films de S&S a avoir su tirer son épingle du jeu du fait qu'il soit l'un des premiers - ça aide mine de rien, mais également parce qu'il a su dégager de nouvelles idées, pas énormément mais elles sont présentes. Il demeure assez discret sur les secrets de son univers même si deux-trois mots sont touchés en début de film pour se concentrer sur l'intrigue et le résultat n'est pas négligeable. Ce film reste une performance et mérite réellement une attention, chose qu'il n'a pu obtenir en 1983, causant quelques problèmes à Ralph Bakshi. Avec Conan le Barbare, il reste l'un des rares films de S&S véritablement divertissant et ce malgré ses quelques défauts que l'on saura pardonner rapidement ou au fur et à mesure.
Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !

PhenixduXib
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le 9 déc. 2019

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PhenixduXib

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