Inégal mais deux idées remarquables

Bien qu'italien, le film est au départ un projet américain, puis devient une commande américaine (une partie des capitaux, des scénaristes et des acteurs sont américains) d'une superproduction visant à lutter contre la concurrence de la télévision. Le film est plutôt réussi bien qu'il manque un peu de fantaisie. Il est aussi relativement fidèle à Homère tout en étant très Hollywoodien et assez kitsch. On notera deux bonnes idées ce qui n'est déjà pas si mal dans ce genre de superproduction où il n’y en a en général pas du tout. La première consiste en une inversion : dans l'Odyssée, les tourments d'Ulysse sont essentiellement dus à la maladresse de ses compagnons, alors qu'ici Ulysse devient un homme tiraillé entre ses aspirations à l'aventure et le désir de rentrer en paix dans son foyer. La seconde, vraiment excellente, et d'avoir confié à la même actrice, Silvana Mangano, le rôle de Pénélope et celui de Circé, faisant de cette dernière une séductrice d'autant plus redoutable qu'elle a le visage de la femme aimée et, surtout, par un procédé de condensation digne de la psychanalyse, réunissant en une seule et même femme deux fantasmes masculins : l'épouse tendre et fidèle et la séductrice maléfique. Ce dernier point emporte l'adhésion face à un film bien inégal. Enfin, on sait que Mario bava, à l'époque inconnu, a participé au film en tant qu'opérateur caméra (bien qu'il ne soit pas crédité au générique) et qu'il est possible qu'il ait réalisé certaines séquences. Quoi qu'il en soit, les séquences de face-à-face avec Circé, au climat fantastique à la frontière du rêve, ne laissent aucun doute quant à sa participation.