« Un héros très discret » met en garde contre le danger de ne pouvoir s’extraire de la littérature romanesque. S’il obtient le prix du scénario à Cannes, il repartira bredouille des Césars, malgré six nominations. La critique resta largement partagée, certaines légendes comme celle de la libération et sa justice ont la peau dure, même si depuis une quinzaine d’années les historiens l’ont passablement écornée. Jacques Audiard nous conte l’histoire dune imposture reposant sur l’impossibilité d’Albert, jeune homme intraverti, d’accepter le monde dans lequel il n’est pas un héros, pour s’en fabriquer un à partir d’une vie faite de mensonges construits sur un multitude de détails appris par cœur (le plan du métro Londonien, les actes des invités d’une réception d’un cercle de résistants, etc.). Film sur la manipulation, la forme s’accorde au fond par un jeu de miroirs amusants avec ses témoins aux avis contradictoires, les explications d’Albert vieilli et l’orchestre de musiciens qui nous rappelle que malgré cette forme documentaire, tout ça ce n’est que du cinéma et donc de la manipulation. Mathieu Kassovitz y est parfait dans le rôle de ce personnage discret qui assume son rêve éveillé jusqu’à une décision grave qui tient du cauchemar et va le réveiller pour de bon. Les personnages secondaires sont tous épatants, à commencer pas ses deux femmes, Sandrine Kiberlain et Anouk Grinberg, mais aussi Albert Dupontel, étonnant capitaine homosexuel et Jean-Louis Trintignant (Albert âgé). Ce dernier annonce la couleur d’entrée : « Les vies les plus belles étaient celles qu’on invente ». Souvent brillant, le déroulé du film souffre d’une mise en place un peu laborieuse car trop longue (un cinquième des 107’) qui pose un problème de concentration. C’est la deuxième réalisation du cinéaste et une belle promesse au vu de sa progression par rapport à « Regarde les hommes tomber ».

Ronny1
7
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le 18 mars 2021

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