Le jeune Albert rejoue des scènes qu'il voit autour de lui, passe du soldat au résistant, jusqu'au jour où la réalité lui est lancée à la figure. Non, son père n'était pas un soldat vaillant tombé sous les lignes ennemies en héros, comme le lui racontait sa mère, mais un vieux soulard mort d'une cirrhose.
Quand il se rend compte des mensonges qui sont tissés autour de lui, il apprend peu à peu, sort de sa coquille, imite de plus en plus, retient tout ce qu'il peut de conversations ou de lectures et se forge une identité nouvelle, se perdant lui même de vue au fur et à mesure de sa métamorphose.
Le timide mouton s'est revêtu d'une peau de lion. Le nouveau colonel promu grâce aux soirées passés auprès des "héros" de la résistance a bien tissé sa toile. Le lion-araignée est devenu le héros qu'il croyait que son père avait été. Comme un Raskolnikov moderne, les tissus de mensonges créés finissent par l'étouffer.
Audiard filme sans plans larges, en plans moyens ou gros plans pour observer Albert et les gens qui l'entourent et qui se prenne ou non dans sa toile. Kassovitz n'a jamais été aussi bon que dans la peau de ce roi des menteurs torturé par son âme. Audiard lui signe ici son film le plus expérimental mais aussi le plus abouti.

RedacJack
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le 18 mars 2017

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