6/12/18, Mantes-la-Jolie. Vision horrible d'un agglomérat de lycéens tenus en respect par quelques dignitaires de la police nationale française, jeunesse vivant à genoux et bras derrière la nuque la plus pure et la plus simple humiliation collective qui soit, courte scène filmée par un agent de l'ordre ricanant doucement devant la docilité forcée de ladite tribu... "Voilà une classe qui se tient sage" donc, commentaire d'une violence répressive pour le moins choquante mais impunément proféré au nom de la République et de l’État français, expression liberticide ayant partiellement donné nom au premier documentaire de David Dufresne...
Succession de brèves vidéos principalement tournées durant les mouvements sociaux des Gilets Jaunes Un pays qui se tient sage nous plonge ni plus ni moins au coeur de la violence, qu'elle soit institutionnelle, révolutionnaire, punitive ou - in extenso - symbolique. Foncièrement brutal et immersif le documentaire s'avère de toute évidence partial mais paradoxalement objectif, les images présentées parlant malheureusement d'elles-mêmes : dérapages incontrôlés des foules, bavures policières, guérillas éclosant au coeur du pays des droits de l'Homme, laïus présidentiel censé garder la face du pouvoir et de l'autorité à renfort de grand débat...
Les séquences chocs sont présentées dans leur plus simple appareil, à savoir dans leur texture et leur format originels ; sciemment anti-esthétique Un pays qui se tient sage prend pour fil conducteur des avis et des témoignages venus d'un peu partout, convoquant aussi bien des sociologues, des historiens et des avocats que des figures de l'ordre établi ou de simples citoyens directement ou indirectement victimes des violences policières. David Dufresne assume le caractère univoque de son métrage, se défendant humblement d'apporter des réponses réelles au contenu présenté mais permettant de conscientiser les spectateurs au gré d'images réfutant l'hypocrisie consistant à contextualiser vainement de terribles évidences : c'est à voir.