Quel est le projet ?

Quel est le projet ? Franchement je ne comprends pas... quel est le projet ? Qu'est-ce-qu'ils ont voulu faire ? Que l'on m'explique, je n'ai pas compris... Comment Pierre Schoeller, dont j'ai vu et aimé L'exercice de l'état, a pu se fourvoyer à faire un truc comme ça ? Comment il a pu réussir à faire un truc aussi nul, qu'il a scénarisé lui-même en plus...

J'imagine et je dis bien « j'imagine » que le projet initial était de parler de la révolution du point de vue du peuple. Ici on croise certes Danton, Robespierre ou encore Marat, mais ils sont limite des figurants, les personnages principaux sont tous issus du tiers-état. On se tape donc plein d'acteur que j'aime bien, Gourmet, Haenel, Lvovsky, Sallette qui jouent les pauvres... et on raconte leur histoire de pauvre... sauf qu'on s'en fout totalement...

C'est ça le problème, on s'en branle ! C'est chiant comme la pluie. Pour être bien clair jamais Schoeller n'arrive à nous faire nous intéresser à ces personnages. Jamais... Rien ne fonctionne, Ulliel a l'air d'un demeuré, entre ça et le Dolan, je crois que je déteste cet acteur... Il m'énerve à être là sans parler et à sourire parce qu'il a de beaux yeux...

Mais le vrai problème c'est que son personnage ne sert à rien, on le voit dans le comble du ridicule communier avec les papillons... mais on s'en fout... c'est quoi ce cliché du paysan ? Et tous les persos sont comme ça : inutiles...

Pas que je ne puisse pas m'intéresser à ce peuple, mais justement il méritait plus que ça. Il mérite un traitement bien plus intéressant que cette histoire d'amour téléphonée... que ces gens qui ne font rien et qui ne vivent rien...

Je veux dire que Schoeller n'arrive pas à trancher entre raconter la Révolution Française et raconter la vie de ce peuple qui l'a faite. Car les deux sont très différents... car ce n'est pas Robespierre qui a pris la Bastille. Et donc on se tape des montages alterné entre les députés et ce peuple qui fait des trucs de peuple... Sauf que je suis désolé mais voir Ulliel souffler du verre je m'en fous totalement si à côté on vote la mort du Roi. Pire, je ne comprends même pas le parallèle entre les deux, je repose ma question, quel est le projet ? quel est le message ? Qu'est-ce-que tu veux dire ?

Je ne veux pas être méchant, mais si je trouve le quotidien du peuple intéressant (en théorie, parce qu'en pratique dans le film c'est chiant) ça l'est forcément beaucoup moins que d'écouter des beaux discours de personnages historiques majeurs. Et en montrant ces moments, parfois même sans que les héros soient présents, ben Schoeller ne parle plus de ce peuple, on ne voit plus les députés du point de vue du peuple et donc on a cette sale impression d'avoir deux films dans le film...

Un film pas terrible et très scolaire et un film nul à chier avec des pauvres qui sont cons comme leur pied et qui jouent mal.

Alors qu'en vrai faire un beau drame qui se passe à cette période, avec des personnages qui participent à la prise des Tuileries, qui vont voir les députés, qui assistent à quelques débats, ça aurait pu le faire... Mais il faut que l'histoire de ces gens soit intéressante, que le point de vue soit intéressant... Là c'est que dalle... et finalement j'ai même l'impression qu'il n'y a pas de point de vue...

Et le pire c'est que le film fait fauché... Je suis désolé mais la séquence d'ouverture où les gens détruisent la Bastille et où le soleil passe enfin dans la rue, c'est non seulement lourdingue niveau symbolique, mais en plus c'est juste laid. La Bastille est moche, la rue est moche le tout filmé soit de très près, soit toujours sous le même angle... Franchement ça n'a aucune classe, aucune splendeur... je n'y crois pas à cette reconstitution...
La mise en scène est aux fraises, on filme tout ça sans aucun talent. Les discours sont filmés platement, les échanges entre députés, citoyens c'est que dalle... c'est mou, il n'y a aucune vivacité... la torpeur absolue.

Je dirais même que le seul truc que j'ai aimé dans le film sont Garrel et Lavant qui campent Robespierre et Marat et je dois dire qu'ils sont correct. D'ailleurs Lafitte ne fait pas un mauvais Louis XVI. Cependant son personnage est bizarre, je ne comprends vraiment pas le propos, le film commence il lave les pieds des enfants pauvres et ensuite pendant tout le reste du film il ne fait plus rien... Tout le monde le traite de tyran, mais il n'a rien fait de tyrannique, on ne le voit pas donner des ordres, comploter... Non il est là à attendre qu'on le décapite. Bizarre.

On est limite plus empathique pour lui que pour les héros du film... on va dire que par conséquent c'est moins manichéen que ça aurait pu l'être, mais je ne capte pas du tout le propos... ça n'a pas de sens...

Donc je dirais pas que Schoeller a fait un film, mais qu'il a essayé et qu'il s'est totalement perdu dans un truc bancal, mal pensé, mal réalisé, mal dirigé, trop ambitieux pour les moyens financiers à disposition (ou alors le fric a été mal utilisé) et que ça donne finalement un truc aussi insignifiant que pénible.