Petit phénomène à Cannes en mai dernier sans pour autant repartir avec un prix, Under the Silver Lake dès ses premières projections obtint une réputation d'ovni dans le paysage cinématographique de 2018. Film atypique et tentaculaire, instantanément culte pour certains et jolie coquille vide pour d'autres, il ne laisse personne indifférent. Tout le monde ne parle. Mais de quoi parle-t-on au juste ? 


C'est ici que le bas blesse en ce qui me concerne. Le film ressemble à tant de choses, brasses tant d'influences, cite et ressasse des thèmes, recycle des codes, des images et des idées qu'on finit par ne plus voir dans Under The Silver Lake qu'un infernal maelstrom de références. Parce qu' on sait, depuis au moins Sunset Boulevard, le miroir aux alouettes qu'entretient Hollywood. American dream du prêt-a-porter du 7eme art où les jeunes ingénu(e)s en quête de gloire sont vite remplacés par un autre clone aux longues chevelures blondes. Et Mullholand Drive, Inherent Vice, Magnolia voire même Chinatown,  (que sais-je encore !) terminaient la démonstration en envoyant ses héros se perdre parmi les recoins plus glauques de la ville. 
Sans oublier de se noyer dans le réservoir. Plus que jamais le leitmotiv d'une perdition à Los Angeles.


J'ai eu l'impression d'une redite, qui plus est foutraque, saupoudrée de pop culture en guise de cerise sur le gros gâteau ricain. Et que c'est long, lent, lénifiant par moments... 


Néanmoins, dans cette ostentation permanente, de jolies scènes, elles plus percutantes et signifiantes demeurent. Comme celle de la rencontre avec le compositeur misanthrope, jouissive, et la première rencontre avec la fille ensuite perdue, toute en délicatesse et en sensualité. Et puis, la photographie est splendide c'est clair, il est léché le film on va pas se mentir... 


Oh j'imagine sans doute l'exégèse à outrance que beaucoup en tireront, d'autant plus qu'Under The Silver Lake, niveau easter eggs et indices balancés à l'écran, y va sans sourciller. Ça clignote de partout ce film, on croule littéralement sous les manifestations de faux-semblants. 


Bref, peut-être Under The Silver Lake mérite davantage qu'un avis à chaud comme ceci. Demain, qui sait, après l'avoir laissé maturer dans mon esprit, j'y verrais des pistes et des qualités encore insoupçonnées. Mais dans le genre radioscopie-existentielle-d'un-univers-en-mode-exploration-lynchienne, mouai... La came goûte le frelaté. 

Liverbird
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le 12 déc. 2018

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