Ce film est une plongée délirante dans une Cité des anges peuplée de losers avec une bonne dose d’autodérision. Un trentenaire plutôt pathétique joué par Andrew Garfield va enquêter sur la disparition inquiétante d’une jeune femme à l’allure de starlette dont il a juste le temps de tomber amoureux. Cette enquête le mène d’impasses en énigmes loufoques. L’auteur d' It follows en 2014 adore les théories du complot. Ici, elles vont foisonner. Les personnages croisés partagent tous un sentiment d’écœurement . L'univers et le propos s’inspirent de David Lynch entre autres. On flirte avec le surréalisme. La durée du film avec ses 2 heures 19 atteint même la provocation. Le réalisateur s'amuse à perdre son personnage comme son spectateur. Cette histoire dans la Cité des anges bâtie sur des rêves est pourtant bien vue. On assiste à un jeu de pistes à travers une ville riche en fêtes extravagantes. Les références affluent . Porté par une mise en image remarquable, ce cauchemar éveillé traduit l'inquiétude et la crainte de l'engagement du héros. Le réalisateur s'amuse à perdre son personnage comme son spectateur dans un parcours au milieu d'une ville ,sorte de labyrinthe décalé et pop, dans lequel les références de toutes sortes s’accumulent jusqu’à une forme de nausée. David Robert Mitchell propose une œuvre rafraîchissante , à la photographie splendide, sur le pouvoir de la pop culture. On suit l'émancipation d’un personnage aux allures adolescentes sur fond d' une bande originale envoûtante. On ressent durant une partie du film une ambiance très loufoque, assez insensée et même irréelle. Ce film en perdra plus d’un mais mérite bien le détour. On s’interroge tout le long sur l’impact des œuvres culturelles sur notre conscience. L'affiche du film est superbe et la bande originale terrible. Cette recherche du divertissement, sorte de fuite de la réalité, nous perd. Notre monde moderne n’ayant presque plus aucun mystère, notre héros chercherait à en créer jusqu'à l'indigestion. Sorte de résumé de cette génération déconnectée du réel et insatisfaite , David Robert Mitchell imprègne son film d'une atmosphère à la fois grinçante et désopilante. Durant son enquête, Andrew Garfield parfait passe tout le film à essayer de comprendre le sens de chaque détail, de chaque référence, pour accepter qu'il n'y a peut-être rien à comprendre. Pendant cette quête, on pense évidemment à Alice au pays des merveilles avec dans le rôle du héros un type à la fois oisif et voyeur. Le film n’est pas exempt de quelques longueurs surtout vers la fin. Mais, on peut penser que l’ idée du pourrissement qui imprègne le film correspond à la volonté du réalisateur. Ce désenchantement d’une génération , née à la mauvaise époque,qui a le sentiment que tout a été découvert est un peu le thème du film. Notre héros a le sentiment d’être passé à côté de son destin . D'ailleurs, il y a une petite scène très bien vue avec ce magazine qui colle aux doigts d' Andrew Garfield, héros de Spiderman il n'y a pas si longtemps.