La révélation sur laquelle joue le titre est plutôt bien amenée. Personnellement, je n'avais rien vu venir. Difficile d'en parler sans gâcher la surprise du spectateur, je vais donc rester volontairement évasive. Voilà une sorte de méditation assez lente (mais pas ennuyeuse) sur l'identité. Plusieurs personnages interpellent l'héroïne en cours d'histoire en la sommant de se définir pour eux, comme s'il était impossible de s'adresser à quelqu'un dans un contexte ambigu. Pourtant, cette ambigüité permanente est un peu l'essence de notre communication. Du coup, le film zoome sur un présupposé nécessaire à la société chilienne contemporaine, qui, comme quasiment toutes les sociétés du monde, d'ailleurs, somme les gens de se définir face à elle dans le même temps qu'elle réprime toute définition trop exotique à ses yeux. Le constat est quasiment clinique : nos sociétés en mutation sont écartelées entre des réflexes d'un autre âge, bien ancrés même chez des personnes qui se veulent modernes et en phase avec leur époque, et de nécessaires adaptations face à des nouveautés ébouriffantes et inédites. Enfin, inédites, je m'entends : on n'a rien inventé, malgré tout, mais notre orgueil occidental nous pousserait facilement à croire que rien n'existait avant que nos yeux finissent par se poser dessus. Donc, au final, un film engagé et plutôt malin, qui refuse les catégorisations à la truelle et fait parfois penser à ce que les œuvres d'Almodóvar pouvaient avoir d'avant-gardiste quand il ne se regardait pas trop le nombril. Plutôt recommandable, donc. En prime, j'ai eu le grand plaisir d'y revoir un restaurant de Santiago habité d'excellents souvenirs, la Diana, juste à côté de la réplique du Sacré-cœur. La capitale du Chili me semblait assez peu photogénique jusque là, mais le réalisateur a su en dégoter des aspects agréables. Un bon point de plus.