Il y a une chose qui j'admire chez Disney, c'est leur capacité à se renouveler tout en restant les mêmes et en touchant toutes les générations. On pourrait croire qu'une fois bien installés dans l'âge adulte, nous serions trop vieux pour ces conneries, que la boîte à Mickey propose toujours la même formule sans changement majeur et qu'elle fait partie d'un passé certes glorieux mais révolu. Que nenni ! Les observateurs parlent d'un nouvel Âge d'or, je serais tenté de les approuver tant Disney fait un sans-faute ces dernières années, jusqu'à devenir plus constants que Pixar. Inimaginable au début des années 2000.


Grand amateur de l'animation, je ne peux qu'apprécier le travail de Disney et je me souviens m'être réjoui de les voir débarquer avec La Princesse et la Grenouille, en bonne 2D à l'ancienne et réalisé par un duo bien connu, celui responsable entre autres du sous-estimé Basil Détective Privé, de La Petite Sirène qui relança la boîte sur les rails et d'Aladdin, un des chouchous du public encore aujourd'hui (moi compris). Mauvaise nouvelle : la 2D n'attirait plus autant et il fallut renouveler son design. Bonne nouvelle : Disney n'avait pas perdu la formule magique. La Reine des Neiges, aussi surexploité qu'il peut l'être, reste une excellente réactualisation des récits de princesse et Zootopie, bien que traînant quelques clichés datés derrière lui, porte un message étonnamment adulte et juste. Pour une firme qui soi-disant est spécialiste en produits enfantins et manichéens, c'est quelque chose !

Can you smell what Disney is cooking ?



Il n'était donc pas surprenant que le grand public attende Moana/Vaiana avec impatience. Un graphisme à tomber, une nouvelle héroïne charismatique, un nouveau lieu et de nouvelles cultures à exploiter et un casting de choix entre le duo Musker/Clements aux manettes et la star Dwayne "The Rock" Johnson enfin casté en personnage animé. (Sérieux, il vous a fallu 15 ans pour ça ?). Puis c'était Disney, ça allait de toute façon attirer le public. Je n'allais donc pas manquer ça maintenant que je daigne fréquenter les cinémas de ma belle Lorraine plus souvent. Puis le frangin avait un abonnement qui permettait une réduction, ça aidait. Oui pardon, je reviens sur le film.


Et donc Vaiana est parfaitement conforme à mes attentes et se situe dans la droite lignée de Zootopie et la Reine des Neiges, tout en s'inspirant de plusieurs autres classiques.


Je ne peux cela dit pas fermer les yeux sur quelques défauts qui ne gâchent pas le plaisir mais qui doivent être notifiés. Déjà Disney reste Disney, leur formule marche donc pourquoi bouleverser les choses ? On a donc le schéma de l'héroïne qui veut aller plus loin mais est retenue par une autorité parentale inflexible, qui va rencontrer un acolyte à priori opposé et réticent mais qui va finalement faire corps avec, cela bien sûr après une scène de séparation juste pour créer un deus ex machina au moment voulu. Je ne peux pas trop râler sur ce point car d'autres qualités et points de scénario contrebalancent cela mais justement, comme signalé dans ma critique sur Zootopie qui partage lui aussi ce défaut, on sait qu'ils savent évoluer avec leur temps, donc pourquoi garder des scènes artificielles de ce type ?

For the millions... and millions of Disney's fans



Néanmoins, si on n'atteint pas l'émotion et la féerie de la Reine des Neiges ou la portée sociale de Zootopie, Vaiana a d'autres cartes en jeu. Premièrement, cela saute aux yeux et ça n'est plus surprenant mais bordel, qu'est-ce que c'est beau ! Certes, le bleu a toujours eu mes faveurs ainsi que la mer mais bon sang ! Les textures, les couleurs, les mouvements, c'est juste irréprochable. Bon point également pour l'animation du mini Maui, qui montre qu'on peut toujours réaliser de très bonnes soupes dans de vieux pots.


Ensuite, si le rythme n'est pas régulier de bout en bout (l'exposition prend un poil trop de temps là où certaines scènes semblent trop courtes), on ne s'ennuie pas pour autant. On prend du plaisir à découvrir l'univers de Vaiana, à la voir échanger avec Maui, sans parler des scènes d'action très appréciables. Pas mémorables (j'aurais voulu voir la polymorphie de Maui un peu plus exploitée) mais très appréciables quand même. L'humour est souvent de mise avec un dosage idéal entre les échanges entre les personnages, le mini Maui et le poulet Hei-Hei, ces deux-là m'offrant un humour muet que j'affectionne particulièrement. Les blagues sur ce dernier sont suffisamment renouvelées pour qu'il évite de lasser.


Et en parlant de personnages, comme d'habitude, Disney assure. Vaiana me paraît être un bon mélange de Pocahontas, Mulan et Anna avec le fort lien avec la nature, un côté bad-ass naturel mais un côté maladroit attachant et justifié (elle apprend à naviguer après tout). Difficile de ne pas l'apprécier. Idem pour Maui, un vrai showman sûr de lui qui peut avoir un côté agaçant mais prend tellement de plaisir dans son délire qu'il ne peut que nous charmer Tu m'étonnes qu'ils aient choisi The Rock pour l'incarner, c'est son portrait craché ! Si la méchante du film attire davantage l’œil sur la forme que le fond, le crabe Tamatoa m'a laissé une forte impression en dépit de son court passage.

It's doesn't matter what your name is !



Et au même titre que ses derniers longs-métrages, Disney prend un malin plaisir à manier l'autodérision tout en faisant preuve d'une certaine subtilité. Déjà, Vaiana n'est pas une princesse à proprement parler et le film joue sur cet aspect avec intelligence et second degré. Même chose pour les chansons, dans l'ensemble réussies et mieux placées que dans la Reine des Neiges mais néanmoins nombreuses au point que Maui en fasse la remarque. Probablement une de mes répliques préférées du film.


Mais aussi, alors que Disney martelait davantage son message dans Zootopie, ici il est entre autres question de féminisme et d'écologie et cela passe comme une lettre à la poste alors qu'on aborde clairement la condition de femme de Vaiana et la destruction des îles océaniques. Enfin, alors que le message premier du long-métrage est une invitation au voyage et à l'exploration très louable (je ne vous spoile rien, vous le devinez assez vite), j'apprécie également l'intelligence du lien entre Vaiana et l'océan. Certains pourraient se dire qu'avec presque tout le film se déroulant sur l'océan, elle pourrait se sortir de toutes les situations grâce à cela mais ce lien ne fonctionne pas ainsi. On y voit une double illustration de la fameuse quête initiatique, entre ce que le film révèle plus tard et ce qu'il dit en sous-texte : on peut être destiné à un avenir précis mais tout ne vient pas tout seul. C'est à nous de faire le gros du travail, aidé par notre entourage et les circonstances à l'occasion. Après, peut-être est-ce juste moi qui le comprend ainsi, allez savoir, d'autres sont plus prompts à trouver un nouveau symbole phallique...

Just bring it !



Au final, je ne pense pas qu'il s'agisse d'un Disney mémorable. Il reste néanmoins très bon grâce à tout ce que j'ai signalé, sur le fond comme la forme, entre sympathie, action, humour et graphisme. Sans oublier une VF qui, comme très souvent avec les bons films de la firme, fait honneur au produit entre un Anthony Kavanagh plein d'énergie mais qui sait se faire oublier en Maui (pas toujours évident quand on s'adresse à une célébrité pour le doublage) et un Adrien Antoine surprenant en Tamatoa. Reste que j'aurais préféré voir The Rock s'incarner lui-même. Au passage, tous mes sous-titres sont ses répliques, ceux qui suivent le catch comme moi auront saisi.


Une chose est sûre, Disney est encore "the Great One" !

Masta21
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le 4 déc. 2016

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Masta21

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