Voici des années que Besson en parle, et suite au succès international (pas franchement mérité) de Lucy, le voici enfin capable de nous proposer l'adaptation de Valérian et Laureline dont il rêvait déjà en faisant le Cinquième Elément.
Premier constat: le film est flamboyant, châtoyant de myriades de couleurs. Il souffre également de défauts l'empêchant de laisser un quelconque impact émotionnel lorsque vient le générique de fin.
En cette époque de Dystopies désenchantées, l'ouverture sur l'air de Space Oddity ramène à la science-fiction un souffle d'espoir un peu désuet mais salvateur. On y suit la création d’Alpha, la cité aux milles planètes du titre, au fil de rencontres entres astronautes, cosmonautes, extraterrestronautes... Tous se serrent symboliquement la main, embrassant au passage la paix et le savoir universel. A elle seule, la scène vaut le détour. Brillamment rythmée et mise en image, elle vaut aussi pour la pléthore de potes à tonton Besson en caméo. Malheureusement, le reste du film peine à retrouver cet émerveillement initial.
Ça se gâte dès la deuxième scène. Des Naavis albinos vivent en symbiose sur une plage paradisiaque.Constat d'horreur, n'est pas James Cameron qui veut. La faute n'incombe pas à la technique mais à des choix esthétiques kitch à souhait. Le film prouve, s'il le fallait encore, la difficulté d'astreindre le spectateur à la contemplation face au tout numérique. Rapidement, ou pas assez, la planète des indiens zarbi à moitié à poil est détruite par un mystérieux cataclysme.
C'est là qu'enfin nous rencontrons Valérian et Laureline. Entre un bon acteur dans le mauvais rôle et une mauvaise actrice dans le bon, la sauce ne prend pas. Dane Dehaan n'a simplement ni le charisme, ni la carrure du héros. Bien plus à sa place dans des personnages torturés et intenses, il peine ici à insuffler le charme nécessaire à nous faire croire à ce militaire coureur de jupons. Le problème Delevigne est moindre. Elle colle bien plus à son personnage mais sa déclamation manque cruellement de naturel. Elle peut toujours s’améliorer, mais ce n'est pas ici qu'elle crèvera l'écran.
S'ensuit une série de péripéties divertissantes et imaginatives. Elles auraient hélas mérité d'être resserrées. Du long de ses 2h15, le film a tendance à s'étendre et se répéter sur des points ne le méritant pas vraiment. Cela est d'autant plus vrai que le récit essaie de faire un mystère avec une évidence provoquant un certain agacement chez le spectateur de plus de 8 ans.
Il s'agit donc d'une honnête réussite plastique entachée par ce casting étrange et un scénario superficiel qui a une méchante tendance à prendre ses spectateurs pour des bas de plafond. Bien qu'agréable, le film n'arrive donc pas à faire de l'ombre au Cinquième élément dont il partage certes le côté bigarré mais pas le rythme hystérique ni la douce folie.