Un exemple de SF popcorn

Pour moi, il y a deux catégories majeures d’œuvres SF : la SF intelligente, et divertissante. L'une ne vaut pas mieux que l'autre, et les deux doivent exister et cohabiter. Et pour moi, Valérian est un exemple de SF divertissante.

On va commencer avec les deux points faibles : d'une part, l'histoire. Effectivement, de ce côte la, ça vole vraiment pas haut. C'est finalement très bateau. Pas de thème bien profond, ni de sous niveau de lecture. On avance dans la narration, et c'est tout.Et enfin, certains défauts d'écritures a deux trois moments qui arrivent un peu de nulle part.

De plus, pour moi, il y a quelque chose qui atténue un peu tout ca : a aucun moment ou presque, je n'ai ressenti l'histoire de Valérian et la Cité des Mille Planètes comme étant celle qui nous raconte

Ce que j'ai vu de ce film, c'est que que ça parle ... de Valérian et Laureline. De leur dynamique. En ce sens, à mes yeux, l'histoire et ses thèmes sont secondaires ... parce que leur importance est secondaire dans ce qu'on nous montre. Tout ce qui arrive n'est là que pour étoffer les personnages et leur dynamique, au lieu d'une histoire plus intelligente, plus complexe, mais qui prendrait la place des protagonistes. Et quand on a un duo comme Valérien et Laureline, ça serait dommage de s'en priver.
Pour finir sur l'histoire, je dirais que beaucoup de films se sont un peu ratés en faisant une histoire qui essayait désespérément d'avoir quelque chose à raconter, pour faire genre l'histoire n'est pas banale et a un vrai fond, ou alors essaie de se la jouer un peu sombre, parce que c'est la mode. AU moins, Valérian et la Cité des Milles Planète à l’honnêteté de n'avoir jamais essayé de foutre des caches misères plus profonds qui font plus tâches qu'autre chose dans un univers aussi ouf que celui du film. L'histoire est simple, et ce faisant, elle n'écrase ni les personnages, ni l'univers. Je dis pas, j'aurais été le premier à aimer quelque chose de plus complexe et intelligent, et avoir ça tout en écrasant pas le reste est parfaitement conciliable. Mais ça, ça me va parfaitement, déjà.
Je finirai en disant que Valerian et Laureline sont des personnages funs et explosifs. Mais est-ce que ca marcherait aussi bien sur une histoire complexe et profonde ? Et bah ... surement non. Parce que des smartasses comme eux tourneraient au ridicule une histoire profonde. Ou alors, inversement, ils ne seraient pas crédibles puisqu'ils se comporteraient d'une façon inappropriée par rapport a ce qu'on nous raconte.

Ce qui m'amène aux points forts : on commence soft avec le casting. J'ai beaucoup entendu dire avant d'aller voir le long-métrage que deHaan et Delevingne en faisaient des caisses et étaient mauvais. Oui, ils en font parfois des caisses, mais c'est fait exprès. Les personnages sont deux smartass narcissiques qui adorent s'écouter parler et provoquer l'autre. Evidemment, que ça en fait des montagnes des fois. Et ca va vraiment bien, pour le coup, avec l'univers totalement barré qui les entoure. Ils sont propres sur le reste. Mais j'insiste vraiment de ce coté la, le fait que Delevingne et deHaan en font des tonnes de temps a autre participe vraiment au dynamisme de ouf et à l'alchimie absolument évidente entre les deux personnages. Et le fait qu'ils se comportent comme ça ENSEMBLE rend leur relation amoureuse crédible en quelques répliques sans même qu'on ait besoin de connaître leur background. Ils se kiffent, ils sont parfaits l'un pour l'autre, c'est évident, et on a pas besoin de créer, du coup, des scènes pour nous faire comprendre en quoi l'un aime l'autre et vice-versa par la suite. Et en plus, autre chose appréciable, ces deux personnages ne sont pas montrés comme des gens irréprochables, loin de là. Et c'est cool.
Ici, nous avons des personnages ultra funs, aussi bien entre eux que séparément. Et la scène d'intro ne nous laisse pas de place au doute : le film va être un univers fou, et fun. Donc Valerian et Laureline marchent aussi parce qu'ils sont très bien associes avec le reste de l'univers qu'on nous présente.
Sinon, le reste est génial, Clive Owen est bon, son rôle ne lui permet pas vraiment de faire mieux, soyons honnête, Alain Chabat est génial, mais surtout, je veux adresser une mention spéciale à Ethan Hawke qui est absolument délirant. Sérieux, j'avais jamais vu Ethan Hawke comme ça, et c'est du fun en barre.

Ensuite, brièvement parce que j'en ai déjà parlé, le duo Laureline/Valérian est utlra jouissif. Leur complicité est juste folle, leur dynamique est fun et électrique:
Autre point important, la B.O. : je l'ai trouvé non seulement géniale, mais en plus très riche et diversifiée. Un vrai plaisir de ce côté là.
Et enfin, le point fort, le gros morceau, la raison pour laquelle je suis allé voir ce film en premier lieu : pu****, visuellement, c'est ouf guedin. C'est la claque de la claque, le bonheur en boite. Ce film, c'est Speed Racer qui décide d'aller dans l'espace. Les deux ont de nombreux points communs, notamment leurs histoires simples. Mais si Speed Racer possède moins de moments douteux et sortis de nulle part que Valerian, ce dernier amène ce que SR n'a pas : des protagonistes du tonnerre qui déménagent et qui apportent une folie et une dynamique géniale. Mais les deux ont cette volonté de vouloir en mettre plein les yeux : c'est coloré, c'est inventif, c'est délirant, original. C'est une orgie visuelle à chaque seconde, et ça fait un bien fou. C'est quelque chose que je reproche depuis des années aux films et JV qui se passent dans des univers fantastiques, et que j'avais souligné dans ma critique de Speed Racer, justement : nous avons les moyens techniques de faire des univers de ouf guedin, des trucs pas réalistes mais ultra inventifs, qui t'attrape la rétine par le col, lui faire siffler un mètre de shot avant de l'envoyer dans le soleil.
Et pourtant, rares sont les œuvres qui osent mettre un coup d'accélérateur. On se contente de choses relativement terre-à-terre, dans l'ensemble. Et de temps à autre, il y a des trucs qui te marquent. Au cinéma, c'est Speed Racer et maintenant Valérian. Côté JV, pour une claque relative visuelle, il me faut bien sur citer A Story About my Uncle.

En bref, Valérian est un exemple de la SF popcorn. Pourtant, n'allez pas croire que je suis adepte de l’archétype du blockbuster sans fond narratif. Je ne comprendrai jamais les critiques envers BvS, qui est un film tellement mésestimé à mes yeux. Je ne suis pas non plus un mec qui qui se complaît à nager a contre courant pour le cinéma, et je pense que beaucoup de mes notes sur le site en témoignent. J'insiste sur tout ça pour vraiment faire comprendre que c'est avec sincérité que j'ai écrit cette critique, et pas pour une autre raison. Valérian et la Cité des Mille planètes est différent parce qu'il apporte vraiment quelque chose de grandiose. Et en plus, il apporte des personnages d'un dynamisme absolument fou. Et tout ça, ça fait une différence énorme avec le reste de la SF et des films popcorn en général. Et si l'on est d'accord avec mes arguments de début de critique, alors en plus, le fait que l'histoire soit banale est encore moins un problème qu'au premier abord.
Valérian et la Cité des Mille Planètes, pour moi, c'est meilleur que les Gardiens de la Galaxie. Meilleur qu'Avatar. Et certainement meilleur que Star Wars, quoi qu'en disent les autres. Je range le film comme étant la référence, ou une des références, de la science-fiction divertissement. Chapeau, M. Besson; J'espère une suite, même si ça me paraît mal parti.