Désolé pour le titre, j'avais pas d'idée...


Le film aurait été bien meilleur sans aucun élément de narration.


C’est assez incroyable de voir à quel point Besson maîtrise sa caméra et son cadrage, mais foire totalement son scénario, sa direction d’acteur et ses dialogues.


Concernant le scénario, c’est une enquête assez classique, mais Besson arrive tout de même à rater le coche, en pondant un final qui n’a clairement rien à faire dans ce film, un peu comme s’il avait oublié d’écrire une fin et qu’il l’avait concoctée en catastrophe sur le plateau. Il en ressort une mélasse informe et niaise sur la justice blablablablabla cliché aléatoire sur le bien.


La relation entre Valerian et Laureline est complétement foirée, entre le « beau gosse casse-cou(ille) » et la « femme forte » (qui finira quand même par tomber amoureuse du vaillant héro après qu’il l’a sauvée), ça pisse pas bien loin. Valerian est pas spécialement bien servi par son acteur assez creux et sans réelle présence à l’écran, on notera également l’incroyable prestation de Clara Delavigne, visiblement sous skenan tout le film (mais c’est pour lui donner l’impression d’une femme forte). Mais on franchit définitivement le cap de pénibilité avec les dialogues. Je pourrais dire qu’il ont été écrit avec le cul mais je doute que le dialoguiste ait investi l’entièreté de son postérieur pour écrire ça. Je sais pas pourquoi ils s’entêtent à affubler chaque réplique par un trait d’humour qui n’arrivera jamais à pousser le spectateur au sourire, ça doit être le syndrome Marvel. Comme la relation est mal traitée, les dialogues sont téléphonés, les généraux de l’armée appellent des renforts toutes les deux secondes, c’est niais et cliché. Laureline est particulièrement insupportable puisqu’elle allie l’amorphe de son jeu à des blagounettes à base de « Eh, je drague le petit hérisson mutant mdr ». Ajouté à cela sa voix VF rocailleuse (sponsorisée par le cancer du larynx), on appréhende le long du film l’apparition de Laureline à l’écran. Pour voir des personnages plus intéressants il faudra davantage se tourner vers les trois informateurs et le personnage de Chabat qui sont les seuls à offrir des scènes de dialogue rafraîchissantes. Cependant, Chabat a 3 lignes de dialogues et les informateurs sont assez peu exploités.
Tous ces griefs ont un impact assez catastrophique sur l’immersion des spectateurs, certaines phrases tellement mal écrites ou mal jouées qu’on se sent obligé de rire du film tant il frise le ridicule (le coup de « valerian, valerian are you here »). Et je ne pense pas qu’un film ayant coûté 197 millions d’euros ait autant d’ambition qu’un nanar réalisé entre deux bières.
Heureusement, la patte esthétique du film le sauve du désastre. C’est beau, très beau. Chaque plan contient une idée graphique. Les décors sont somptueux, les planètes assez innovantes notamment au niveau des cieux aux nuages multicolores (quand bien même il n’y en a que 4 montrées à l’écran, mais en même temps, il faut faire avancer la passionnante intrigue). Les design des races aliens sont soignées et celles montrées semblent avoir chacune leurs style vestimentaire propre. Cela donne une impression de fourmillement et d’épaisseur du monde proposé.
Jusque-là, je pourrais me dire que Valerian est un équivalent SF de Warcraft le film : une histoire clichée avec des personnages en carton et des dialogues nanardesques au possible, mais avec une direction artistique qui force le respect. Cependant, ce serait passer à côté de la grande force de Besson : la réalisation. De loin la principale qualité du film, la réalisation met en valeur les décors, en virevoltant dans ceux-ci. Les (nombreuses) scènes de courses poursuites sont selon moi parfaitement utilisées dans cette optique. La caméra suit les personnages dans leur course, mais dans une frénésie alternant entre le contemplatif et le quasi-psychédélique pour une expérience visuelle incroyable. La volonté du film est d’en mettre plein la vue, et il le réussit avec brio. Alors que beaucoup de blockbusters abusent d’explosions pour souffler le spectateur, Valerian propose un véritable spectacle pour les mirettes d’une manière très louable, en travaillant sur les couleurs (le film est d’ailleurs très coloré) leurs alternances, le rythme, et les mises en scène. On ne s’ennuie pas pendant le visionnage, sauf des fois et durant le dernier quart apocalyptique.
C’est pour cela que j’ai des regrets… Même si la forme de l’enquête est très pertinente pour la découverte d’un nouveau monde, celle-ci n’est pas ici employée à son maximum, à l’instar de la « cité des mille planètes », dont on ne découvre tout au plus que 4 civilisations et qui n’est pas utilisée dans l’intrigue. Finalement, Besson se bride lui-même en restreignant l’enquête à un conflit en interne, et propre à la civilisation humaine. Le format enquête/découverte du monde/course poursuite/planète suivante aurait été bien plus pertinent pour la mise en valeur de la DA. On aurait pu avoir un film au scénario moins formaté, ou en arrière-plan pour laisser place à la contemplation. Quoiqu'il en soit, le film reste un spectacle visuel atypique et une véritable claque esthétique.


Le film aurait été bien meilleur sans aucun élément de narration.

Barry_Hatard
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le 15 sept. 2017

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Barry_Hatard

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