"Quand je vois tes yeux, je deviens vicieux, quand je vois ce film, j'en perds même mes rimes..." DB

Valérian ou comment Besson se prend pour Icare.



Je reste persuadé que Luc Besson avait toutes les bonnes intentions du monde en voulant adapté cette bande dessinée, mais qu'il s'est brulé les ailes à cause d'un ego surdimensionné.


Il a voulu prouver à ses pairs avec cette superproduction française que le cinéma gaulois ne se résume pas qu'à des films déroulant de longues scènes contemplatives et des dialogues "faussement" intelligents.
Doté d'un budget faramineux, Besson avait toutes les clés pour ouvrir les tiroirs de la fantaisie, de l'innovation technique, de l'imaginaire baigné de popculture BD cinématographique, ...


Et ils les a ouvert, tous en même temps, sans faire le tri, créant par cette occasion un gigantesque capharnaüm d'idées diverses et variées, imbriquées les unes dans les autres sans logique et sans servir l'histoire.


On se retrouve donc avec une suite d'épisodes de "Martine à": Laureline à la plage, le défilé de mode de Laureline, Valérian joue à Call of dans le désert, et bien sûr l'immanquable Valérian savoure sa lapdance polymorphe, etc...


Prenons ce dernier exemple pour illustrer notre propos: Besson utilise Rihanna dans une scène démontrant savoir-faire technique, visuel et chorégraphique; sauf que si on enlève cette séquence du montage du film, cela n'a aucune incidence sur le déroulé de l'histoire.
Et des scènes comme celles-ci, il y en a pléthore; caméos d'acteurs (affection particulière à celui d'Alain Chabat), traitement de la faune et de la flore numérique surexploitée (syndrome STAR WARS I,II,III), etc...


Pris indépendamment ces passages sont intéressants, mais le réalisateur, à trop vouloir en mettre, en a oublié son propos et s'est laissé submerger. Il aurait dû prendre un parti esthétique et narratif pour en garder dans les suites de Valérian. Le film était conçu comme le 1er volet d'une saga, Besson avait largement le temps d'étaler dans les futures séquelles toutes les expressions visuelles et les clins d'œil qu'il avait dans sa besace afin de servir l'histoire de manière cohérente. Or pour être sûr que le film cartonne, il a tout bourré jusqu'à ce que ça explose dans tous les sens au détriment du scénario.


Côté intrigue, les personnages du film pris individuellement sont bien travaillés; d'ailleurs, Valérian et Laureline ont chacun leur scène solo qui le montre bien; Laureline, beauté froide avec du caractère mais sans tomber dans le piège de la rigidité, Valérian, classique tête brûlée coureur de jupon.... et c'est là que ça dérive...


Besson a loupé la relation entre les deux personnages en faisant de Valérian le beauf de ses dames; dès le début du film, il drague Laureline sans aucun tact avec blagues sur blagues graveleuses, telles qu'un "Weshhh Mad'moizelle, mon p'tit Kinder, viens m'voir et tu sauras pourquoi on m'appelle Buenooooo!" n'aurait pas fait tâche dans leur dialogue...


Le reste du film est ultra convenu: pas un soupçon de surprise, d'originalité, que du réchauffé. Les maître mots ont dû être "claque technologique française".
Quoi??? le script rédigé par Enzo 6 ans est un peu trop simpliste? C'est pas grave, c'est le premier film français d'une telle envergure!... sauf que ça ne suffit pas.


Emballer du caca avec des paillettes n'en fait pas un Ferrero Rocher: du caca reste du caca.

Luffink
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le 14 nov. 2017

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