Valerian, cette œuvre tirée d'un travail français par un Français avec des dollars et quelques euros : on en attendait beaucoup, ne serait-ce que parce qu'elle promettait cette hybridation fantasque. Dommage, car force est de constater qu'il en est une autre : du Star Wars, des Minimoys, des Gardiens de la Galaxie, beaucoup du Cinquième Élément, et peut-être bien d'autres œuvres plus récentes que je tairai faute de les avoir vues.
Besson a sacrifié sa créativité au dieu tout-puissant des courants artistiques, ou bien sont-ils monétaires ? Ce n'est pas son seul sacrifice, car ce qui tue le plus Valerian à mon avis, c'est de donner un boost à des clichés qu'on fatigue à mentionner pour rendre sa création particulièrement lisible : le sacrifice, la morale bafouée, l'explication qui n'a rien à foutre là mais qu'on ajoute pour mieux immerger le spectateur dans un monde où tout n'est qu'illusion, et surtout le fait que le film se contient tout lui-même comme s'il était emballé sous vide.
Vous n'avez pas remarqué que tous les micro-évènements sont liés de près ou de loin à l'intrigue principale, et qu'ils sont tous dénoués à la fin ? Aucune marge n'est prise, ou alors elle était réservée aux inserts très classes avec un maximum de fond vert. Dommage que le design, si bien pensé et si riche, soit réduit à cette place d'encart publicitaire. On croirait lire une BD, en fait.
Petite différence qui fait plaisir : tout est efficace. Dans le sens où on a longtemps laissé éclore nos fantasmes dans la science-fiction sans la délester des lenteurs et des grincements de notre monde. Besson fait enfin tomber cette barrière. Mais si c'est pour y ajouter des personnages sans aucune liberté autour de leur destin connu dès le départ – si ce n'est d'avance –, ça ne valait peut-être pas la peine. Ils bondissent avec maladresse autour d'une corde bizarrement privilégiée : celle du "deal". La négociation a bien sûr des côtés intéressants, et elle semble inévitable sur une "cité des mille planètes", mais elle est écrabouillée par la superficialité d'espèces aliens trop nombreuses et souvent développées seulement pour leur côté comique.
Valerian promettait un mélange étonnant. Mais le réalisateur l'a fait à partir d'ingrédients de son propre univers et de la mode. Le seul domaine où il satisfait les attentes est le design, mais si c'est pour nous resservir l'idée d'un monde paradisiaque où l'harmonie règne… Ah, ça me coupe l'envie de finir mes
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